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Dette en Afrique : « la viabilité de la dette ne peut être une camisole budgétaire imposée de l’extérieur », Faure Gnassingbé

Hub financier et centre de Grandes Conférences internationales, Lomé, la capitale togolaise accueille depuis ce lundi 12 mai 2025, la Conférence de l’Union africaine (UA) sur la dette. Placée sous le thème : » Agenda de gestion de la dette publique en Afrique : restaurer et préserver la viabilité de la dette », cette rencontre de haut niveau pour permettre aux Etats membres pour les Etats membres de l’UA de mener des discussions constructives sur la situation actuelle de la dette sur le continent a été ouverte par le Président du Conseil au Togo, Faure Essozimna Gnassingbé. C’était en présence de plusieurs hautes personnalités dont Hakainde HICHILEMA, Président de la République de Zambie, John Dramani MAHAMA, Président de la République du Ghana, Dr. Patrick NDZANA OLOMO, Directeur par intérim du Développement économique, de l’Intégration et du Commerce à la Commission de l’Union africaine (CUA), Claver GATETE, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Moses VILAKAZI, Commissaire par intérim pour le développement économique, le commerce, le tourisme, l’industrie et les mines.

 

Organisée par le Département du développement économique, du tourisme, du commerce, de l’industrie et des Mines (DCTIM) de concert avec le gouvernement togolais, la Conférence de l’UA sur la dette en Afrique qui prendra fin le mercredi 14 mai prochain, sera l’occasion pour le Continent africain de tenter de restaurer et préserver la viabilité de la dette. Aussi, à Lomé, les Etats membres vont partager leurs expériences nationales respectives histoire de formuler des recommandations en vue de l’élaboration d’une position commune sur la question de la dette.
A Lomé, même si cette conférence se tient sur la dette qui est l’un des défis les plus pressants pour les pays africains, cette rencontre se tient surtout pour l’avenir de l’Afrique. Aussi, les Etats membres vont partager leurs expériences nationales respectives histoire de formuler des recommandations en vue de l’élaboration d’une position commune sur la question de la dette.

En ouvrant les travaux de cette Conférence ce lundi, le Président du Conseil de la République togolaise, Faure Essozimna Gnassingbé a rappelé que derrière le mot « dette », il y a aussi beaucoup de questions politiques.

Dans son intervention, il a donné ses points de vue avec des propositions, au total, cinq (05) sur le sujet.

Pour lui, premièrement, « la dette en Afrique est une crise silencieuse, mais structurelle ». « En effet, le surendettement africain n’est plus un risque : il est une réalité quotidienne. Plus de vingt pays africains sont aujourd’hui en situation de détresse ou à haut risque. Alors même que nos besoins de financement sont immenses, urgents et légitimes : qu’il s’agisse des infrastructures, de la santé, de l’éducation, de la sécurité, ou encore du climat », a-t-il expliqué.

Secundo, Faure Gnassingbé pense que les Etats africains doivent reposer les termes du débat, car pour lui,  « la viabilité de la dette ne peut être une camisole budgétaire imposée de l’extérieur ».

Toujours sur ce point, il  pense que les cadres d’analyse de la dette aujourd’hui en vigueur « sont largement obsolètes, voire contre-productifs ». Le comble, « les indicateurs sont inadaptés, les modèles trop conservateurs, et les critères de soutenabilité tiennent plus de l’automatisme technique que du bon sens politique. Les méthodologies actuelles sont conçues pour contraindre, pas pour accompagner ».

Tertio, de son point de vue, « repenser la gestion de la dette c’est aussi refuser l’hypocrisie sécuritaire : on ne peut pas exiger la paix sans autoriser de la financer ». Sur ce point, il déplore que le lien entre dette et sécurité est « trop souvent ignoré. Or, il est fondamental ». « Une dette est-elle soutenable si elle empêche un État d’investir dans la sécurité de ses citoyens ? Une dette est-elle soutenable si elle interdit à une Nation d’adapter son agriculture au changement climatique ? Une dette est-elle soutenable si elle prive sa jeunesse d’avenir ? », s’est interrogé Faure Essozimna Gnassingbé.

Au quatrième point, le Président du Conseil a souligné que « financer l’Afrique, c’est investir dans la stabilité globale ». Occasion pour lui de rappeler au Continent européen et au monde entier qu’il est dans leur intérêt d’ « aider l’Afrique à se financer ». Par ailleurs, il a précisé que cette aide n’est pas « une charité », mais de « responsabilité partagée ». « Financer aujourd’hui l’adaptation en Afrique, c’est éviter demain l’explosion des migrations, des crises alimentaires et des conflits climatiques. Bien sûr, le monde entier sait que l’Afrique est la victime des dérèglements provoqués ailleurs. C’est donc un devoir de solidarité, mais c’est surtout un impératif de lucidité », a-t-il souligné.

 Il a cité à titre d’exemple de désengagement des partenaires, la décision récente de l’administration Trump de supprimer la contribution américaine au Fonds africain de développement. « Les Européens, eux-mêmes en difficulté budgétaire, ne pourront pas tout compenser. Pourtant, s’ils ne bougent pas, ils devront affronter dans les années qui viennent une pression migratoire et géopolitique venue du sud qui sera sans précédent : non pas par hostilité, mais par nécessité », a averti Faure Gnassingbé.

Message aux partenaires

Profitant de l’occasion, il a fait savoir aux partenaires que « leur propre avenir dépend » de la « stabilité » du contient africain. Mieux encore, « Et que cette stabilité exige des ressources, pas des injonctions. Il ne s’agit pas d’aide humanitaire, mais d’investissement stratégique. Nous ne demandons pas un droit à l’irresponsabilité, mais le droit à un développement responsable ».

 Message aux Etats membres de l’UA

 Toutefois, ici à Lomé, le Président du Conseil ne veut pas s’adresser « seulement » à leurs partenaires extérieurs. Au contraire, il veut  s’adresser « d’abord et avant tout à tous les membres de l’Union Africaine ».

« Nous devons développer sur la question de la dette une ambition africaine collective qui mette la priorité sur notre souveraineté, notre solidarité, et notre stabilité régionale », a proposé Faure Gnassingbé au point 5 de ses propositions. Car, il reste convaincu que le continent africain n’est pas le « problème aujourd’hui, il est une part de la solution de demain ». « Nous avons les ressources, la jeunesse, les talents pour être un moteur de stabilité et d’innovation. Mais cette solution, on ne peut l’incarner que si nous disposons des outils pour le faire », a-t-il affirmé.

Sa conviction est que l’Afrique a certainement un problème de dette, mais elle a un problème de coordination. « Une dette isolée, gérée pays par pays, sans vision continentale, conduit à l’impasse. En revanche, une dette organisée, appuyée par des institutions régionales solides, et orientée vers des projets structurants communs, peut devenir un moteur d’intégration et de croissance. C’est pourquoi la question de la dette n’est pas uniquement une question de chiffres. C’est d’abord une question de choix collectifs », a fait remarque le Président du Conseil.

« la vraie solution est politique »

Pour lui, la vraie solution de la dette est « politique : c’est la définition d’une stratégie collective. C’est à nous, Africains, de définir ensemble une doctrine partagée sur la dette, qui nous permette de parler d’une seule voix dans les enceintes internationales. C’est cette voix commune qui pourra contribuer à la réforme de l’architecture financière mondiale. En somme, l’Afrique n’est pas en quête d’assistance. Elle est en quête de marges de manœuvre ».

Et pour régler ce problème de dette, Faure Essozimna Gnassingbé propose que cela passe par « des institutions panafricaines renforcées, capitalisées et protégées » ; « une meilleure coordination macroéconomique au niveau régional » ; « des règles de stabilité monétaire et budgétaire adaptées à nos priorités de développement » ; et « une expression commune aussi souvent que possible ».

En conclusion, il a invité les participants  à faire de la conférence de Lomé, « un tournant pour tracer notre chemin collectif. Un moment où l’Afrique affirme que sa priorité est, certes de rembourser, mais surtout d’avancer ». Par ailleurs, il a souhaité que la Conférence de Lomé soit un « moment de clarté. Clarté sur la gravité de la situation. Clarté sur nos responsabilités. Et clarté sur nos leviers d’action ».

« Nous avons la jeunesse, les ressources, la vision. Je forme le vœu que Lomé soit le point de départ d’un sursaut. D’un agenda africain pour la souveraineté budgétaire, la transformation économique, et la justice internationale », a-t-il ajouté.

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