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Bénin : Kémi Séba, président ?

L’annonce de Kémi Séba de briguer la présidence du Bénin en 2026 a provoqué des débats. Activiste anti-impérialiste bien connu sur la scène panafricaine, il s’est distingué par ses positions radicales, notamment son acte symbolique de brûler un billet de franc CFA, ainsi que ses diatribes contre l’influence occidentale en Afrique. Mais au-delà de son charisme et de son discours enflammé, sa candidature soulève des questions fondamentales sur sa légitimité et sa capacité à diriger un pays aussi complexe que le Bénin.

Kémi Séba est avant tout une figure emblématique du panafricanisme militant. Son engagement dépasse les frontières béninoises, s’étendant à une Afrique en quête d’émancipation. Cependant, cette dimension transnationale, si elle renforce son aura, pourrait aussi être perçue comme un éloignement des réalités locales du Bénin. L’homme qui a passé une grande partie de sa vie en dehors du pays connaît-il suffisamment les rouages économiques, sociaux et politiques de cette nation ? Son discours anti-impérialiste, bien qu’inspirant, pourrait-il s’adapter aux contraintes d’une gestion quotidienne de l’État ?

L’une des premières interrogations est la question juridique. La candidature de Kémi Séba pourrait être contestée en raison de son temps prolongé à l’étranger et de ses multiples engagements internationaux. Les lois béninoises exigent-elles une résidence continue pour pouvoir se présenter ? De plus, son discours radical pourrait heurter une partie de l’élite politique et économique béninoise, créant des blocages institutionnels susceptibles de freiner ses ambitions.

Diriger un État ne se limite pas à dénoncer des systèmes oppressifs ; il s’agit de proposer des solutions concrètes et adaptées. Kémi Séba a-t-il une vision économique et sociale claire pour le Bénin ? La lutte contre l’impérialisme est une noble cause, mais comment compte-t-il aborder les problèmes immédiats du pays : le chômage des jeunes, l’accès aux soins, l’éducation, et la gestion des ressources naturelles ? Ces questions demandent des réponses pragmatiques, loin des slogans militants.

Enfin, Kémi Séba devra convaincre une population béninoise diverse, attachée à ses traditions et à ses aspirations propres. Sa notoriété internationale pourrait jouer en sa faveur auprès de la jeunesse et des classes populaires, mais sera-t-elle suffisante pour rallier les élites et les décideurs locaux ? Sa capacité à rassembler au-delà de ses sympathisants actuels sera déterminante.

La candidature de Kémi Séba est sans doute un acte audacieux, chargé de symbolisme pour les mouvements panafricanistes. Cependant, elle pose des défis majeurs en termes de légitimité, de connaissance des réalités béninoises et de capacité à transformer un discours militant en un programme politique concret. Le chemin vers la présidence sera semé d’embûches, mais il reste à voir si l’activiste saura transformer ses ambitions en un projet solide pour le Bénin.

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