Education

L’essentiel à retenir du rapport d’évaluation des établissements privés d’enseignement supérieur au Togo

Au Togo tout comme dans d’autres pays, le monde de l’enseignement supérieur connaît depuis 3 décennies déjà une explosion des demandes de formations et une saturation des universités publiques qui n’arrivent plus à contenir les flux. Cette situation a conduit les gouvernements à ouvrir le secteur de l’éducation aux secteurs privé et confessionnel qui parfois accueillent plus d’étudiants que le secteur public. Par exemple au Togo, le secteur privé de l’enseignement supérieur représente 20 à 25% de l’ensemble des étudiants. Cependant, cette floraison d’établissements privés d’enseignement supérieur observée ailleurs et au pays de Faure Essozimna Gnassingbé n’est exempte d’insuffisance tant qualitative que procédurale. Même si le cahier des charges de 2014, inspiré des textes du CAMES, constitue la base d’un bon contrôle de ces établissements, cette situation nécessite une adaptation, une révision des offres de formations pour répondre aux exigences et aux normes requises pour garantir la qualité des diplômes qui en découlent. Ainsi, face au rejet d’un grand nombre de diplômes délivrés par ces établissements privés à l’homologation et dans les universités publiques occidentales, sous l’instruction du Chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a initié avec l’appui financier du PNUD, une évaluation des offres de formations réalisée par des experts/évaluateurs nationaux et internationaux entre le 20 décembre 2020 et le 30 mai 2021.

En effet, conscient que la floraison d’établissements privés d’enseignement supérieur observée ailleurs tout comme au Togo n’est exempte d’insuffisance tant qualitative que procédurale, le Président de la République a initié de nombreuses réformes dans ce secteur. L’objectif visé par le Chef de l’Etat à travers ces réformes est de permettre à ces établissements de s’adapter aux textes du CAMES mais aussi d’offrir des formations qui répondent aux exigences et aux normes requises pour garantir la qualité des diplômes qui en découlent. Ainsi, l’une des réformes initiée par Faure Gnassingbé est l’évaluation, sur toute l’étendue du territoire national, des établissements privés d’enseignement supérieur, par des Experts/évaluateurs nationaux et internationaux, entre le 20 décembre 2020 et le 30 mai 2021.

L’objectif visé par cette évaluation est de répertorier et réaliser la cartographie des établissements privés d’enseignement supérieur ; identifier les offres de formations mises en œuvre ; vérifier la qualification du personnel enseignant et administratif ; faire l’état des lieux des infrastructures existantes.

Les résultats obtenus sur la cartographie des établissements privés d’enseignement supérieur

De cette évaluation, il ressort qu’au Togo, 74 sites principaux, y compris 6 sites secondaires représentatifs de 68 établissements, sont immatriculés au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (MESR) ; 53 sites d’enseignement représentatifs de 47 établissements ont participé à l’évaluation, soit 71,5% ; 21 établissements n’ont pas participé (3 pour fermeture volontaire, 2 restés injoignables et 16 indifférents).

Les résultats sur les offres de formations

S’agissant des offres de formations, 44 sur 47 offrent des formations agréées par le MESR ; 37 sur les 47 des établissements privés d’enseignement supérieur délivrent des diplômes non reconnus par CAMES ; 5 sur 47 ont certains masters reconnus par le CAMES ; 2 sur les 47 forment sans autorisation. 4 établissements sélectionnés au hasard au cours de l’évaluation n’ont pas de syllabus ; et 16 sur 47 ne finissent pas leur programme conformément au syllabus.

Le rapport de l’évaluation a fait remarquer que « beaucoup d’établissements pratiquant le LMD délivrent le même diplôme pour une formation donnée, mais n’enseignent pas les mêmes leçons, ou n’ont pas les mêmes volumes horaires ni les mêmes nombres de crédits, mais arrivent à totaliser les 180 crédits pour la licence alors même que la soutenance de la licence que certains ne font pas vaut à elle toute seule 30 crédits ».

 Les résultats sur le répertoire du personnel enseignant et du personnel administratif

Au Togo, le personnel enseignant et administratif est essentiellement réglementé par les articles 19 et 20 du cahier des charges pour les demandes de création, d’ouverture, d’habilitation et d’agrément des établissements privés d’enseignement supérieur.

Sur un échantillon aléatoire observé lors de la visite des sites, les évaluateurs ont fait certains constats.

De ces constats, il en découle que 5 établissements sur les 47, soit 11% ne respectent pas la disposition de l’article 19 ; 11 établissements sur les 47, soit 23% n’ont pas de contrats de travail avec leurs enseignants; 7 établissements sur les 47, soit 15% n’ont pas le curriculum vitae et la copie du dernier diplôme de certains enseignants dans leur dossier et n’ont pu en fournir pendant l’évaluation ; 36/47 ne sont pas conformes aux dispositions de l’article 20.

Les résultats sur l’état des lieux des infrastructures

En ce qui concerne par les infrastructures de ces établissements privés d’enseignement supérieur, ils sont régis par l’article 24 du cahier des charges sur ce critère (bâtiment administratif, amphithéâtre, bibliothèque, salle informatique, centre médico-social, point d’eau potable, toilettes avec indication garçons/filles).

A ce niveau, « l’évaluation dénote environ 15% de satisfaction ».

Les résultats sur les autres diligences examinées conformément au cahier des charges

Sur les sites, les évaluateurs ont relevées des faiblesses en opposition avec le cahier des charges de ces établissements privés d’enseignement supérieur. Il s’agit entre autres, d’admission des étudiants en Master sans soutenance de Licence dont 4 de façon systématique alors que la soutenance est un examen qui vaut 30 crédits ; l’absence de système de sécurisation des diplômes chez 6 établissements (code QR, code barre, cachet sec, papier personnalisé) ; l’absence ou insuffisance de remplissage des cahiers de textes; l’incohérence entre le nombre d’heures indiquées dans le syllabus et le nombre d’heures de cours effectif ; l’absence d’un manuel de procédures administratives et/ou académiques chez 8 établissements ; l’absence de procédure d’évaluation écrite des étudiants chez 5 établissements ; les réunions du Conseil d’Administration (CA) non tenues régulièrement et l’absence de procès-verbaux des réunions du CA ; l’insuffisance dans la composition du Conseil d’Administration ; l’absence de plan de développement des enseignants permanents ; le retard dans l’introduction des demandes de renouvellement de l’agrément.

Des recommandations des évaluateurs

Après avoir fait leur travail sur le terrain, les évaluateurs ont fait des recommandations. Il s’agit entre autres d’encourager un renforcement de la coopération entre le MESR et les établissements privés d’enseignement supérieur de manière que les décisions tiennent compte de l’opinion des acteurs ; d’eexhorter le MESR à la mise en place d’un cadre permanent de discussion avec les établissements privés d’enseignement supérieur pour discuter des enjeux auxquels les deux parties sont confrontées, et les moyens d’apporter des solutions satisfaisantes ; de suggérer la mise en place d’un mécanisme efficace de suivi en matière de financement, de renforcement de capacités, de transfert de connaissance pour répondre à certaines lacunes observées et relevées ; de suggérer l’harmonisation des syllabus et curricula d’enseignement au niveau de chaque filière et parcours du système LMD (Licence, Master, Doctorat) ; de suggérer des études approfondies devant aboutir à l’harmonisation des examens pour les matières fondamentales au niveau de chaque filière et parcours du système LMD ; de suggérer l’officialisation des dispositions d’une nouvelle version du cahier des charges épurées des imprécisions par un décret présidentiel, afin de lui conférer un caractère officiel ; de suggérer une continuité des états des lieux sur une base périodique afin de mesurer le suivi dans les progrès réalisés par les établissements relativement aux constats posés.

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