
Par Michel M AYITOU, Jurisconsulte
Alors qu’un appel à la désobéissance civile de trois jours a récemment été lancé par certains acteurs politiques togolais, des voix s’élèvent pour interroger la pertinence de cette initiative, sa légalité, mais surtout la sincérité de ses instigateurs.
Dans une société en quête de stabilité et de progrès, le rôle du leader, qu’il soit politique ou d’opinion, ne peut être pris à la légère. Chaque mot prononcé, chaque geste posé, chaque décision prise engage non seulement sa personne, mais aussi l’équilibre de tout un peuple qui l’observe, l’écoute, l’analyse. Si un leader se trompe, c’est la nation entière qui peut en subir les conséquences.
Parole publique et responsabilité morale
Il devient donc impératif pour tout dirigeant, qu’il soit en exercice ou en quête de pouvoir, de faire preuve de discernement et de retenue dans ses prises de position. Le bon sens, même naïf, pousse à s’interroger : les enfants de ceux qui appellent à braver l’ordre établi participeront-ils à ces mouvements de rue ? Sinon, pourquoi ne rentrent-ils pas au pays pour lutter aux côtés de leurs parents ? Serait-ce donc aux enfants des autres de risquer leur avenir au nom d’une cause dont les promoteurs eux-mêmes se tiennent à l’écart ?
L’indécence des appels creux
Les appels à la désobéissance, lancés sans formalités administratives ni respect des institutions républicaines, relèvent plus de la provocation que de la stratégie démocratique. Ils traduisent, selon certains observateurs, une volonté d’instrumentaliser la jeunesse et les frustrations sociales à des fins politiques personnelles. Or, les intentions, même nobles, lorsqu’elles s’expriment sans considération des réalités concrètes, peuvent devenir des insultes à l’intelligence collective.
Une incohérence électorale criante
La situation politique actuelle n’est pas une exception africaine. Mais elle interpelle sur les responsabilités des élus. Comment expliquer que des personnalités politiques ayant participé aux élections législatives de 2024 sous la Constitution du 6 mai puissent aujourd’hui en rejeter les fondements ? Pourquoi solliciter la confiance populaire pour ensuite refuser de siéger à l’Assemblée nationale Le peuple a des raisons légitimes de se sentir trahi, voire abandonné.
Certains estiment que cette posture de refus participe davantage d’une logique politicienne que d’un réel engagement pour l’intérêt général. En cela, les responsables politiques qui agitent aujourd’hui le spectre de la crise portent une lourde responsabilité dans la fragilité du tissu social.
Appel à la raison
La jeunesse togolaise, bien qu’engagée et déterminée, ne souhaite pas être le jouet de stratégies de division. Elle réclame une ligne de conduite claire, une parole responsable, et surtout, des actions constructives.
L’appel à la désobéissance, dans un contexte aussi sensible, mérite d’être interrogé : que cherche-t-on réellement à provoquer ? Une prise de conscience ou un chaos social ? Une réforme ou une rupture irréfléchie ?
Le leadership politique ne se mesure pas à la capacité de mobiliser la rue, mais à celle d’apaiser, d’unir, de bâtir dans la dignité.
Bon, entre nous, qui va désobéir à qui ?
La jeunesse togolaise, bien qu’engagée et déterminée, ne souhaite pas être le jouet de stratégies de division. Elle réclame une ligne de conduite claire, une parole responsable, et surtout, des actions constructives.
L’appel à la désobéissance, dans un contexte aussi sensible, mérite d’être interrogé : que cherche-t-on réellement à provoquer ? Une prise de conscience ou un chaos social ? Une réforme ou une rupture irréfléchie ?
Le leadership politique ne se mesure pas à la capacité de mobiliser la rue, mais à celle d’apaiser, d’unir, de bâtir dans la dignité.
Bon, entre nous, qui va désobéir à qui ?




