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Union africaine : un géant aux pieds d’argile

L’image d’un Félix Tshisekedi et d’un Paul Kagame se serrant la main sous le regard bienveillant d’un médiateur qatari est à la fois saisissante et accablante. Saisissante, car elle donne l’illusion d’un pas vers la paix. Accablante, car elle met en lumière l’incapacité chronique des institutions africaines à régler leurs propres conflits. Pourquoi faut-il attendre un émir du Golfe pour rassembler deux chefs d’État africains en conflit ? Où sont passées l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ? Des institutions qui, sur le papier, ont pour mission de veiller à la stabilité du continent mais qui, dans la réalité, brillent par leur inefficacité.

L’UA se voulait un moteur de l’intégration et de la paix en Afrique. Mais elle est devenue une institution de protocoles creux, incapable d’imposer des solutions aux crises qui ravagent le continent. De la guerre en RDC aux conflits au Sahel, en passant par l’instabilité en Éthiopie ou au Soudan, elle ne fait qu’observer, impuissante, tandis que les grandes puissances et des États comme le Qatar prennent l’initiative. Les organisations sous-régionales ne valent guère mieux. La CEEAC, censée gérer les crises en Afrique centrale, n’a rien pu faire pour rapprocher Kinshasa et Kigali. L’EAC, qui avait pourtant lancé des processus de négociation, s’est vue marginalisée. Et pendant ce temps, les populations continuent de souffrir.

Peut-on vraiment parler de souveraineté africaine quand ce sont des puissances extérieures qui dictent l’agenda de la paix ? L’Afrique a encore du chemin à parcourir. Il ne suffit pas d’accuser l’Occident d’ingérence si, en retour, nous sommes incapables de nous gérer nous-mêmes. Nos dirigeants doivent cesser de chercher des solutions en dehors du continent et rendre enfin nos institutions efficaces. L’heure n’est plus aux discours, mais aux actes. Le Qatar a montré qu’il pouvait rapprocher Tshisekedi et Kagame. Mais c’est à l’Afrique d’écrire le prochain chapitre.

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