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Retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger : l’échec cinglant de la CEDEAO

Le 29 janvier 2025 marque un tournant historique pour l’Afrique de l’Ouest. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont officiellement acté leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), concrétisant ainsi la mise en route de l’Alliance des États du Sahel (AES). En réponse, la CEDEAO, dans un communiqué laconique, dit « prendre acte » et annonce une série de mesures transitoires pour limiter les perturbations. Mais derrière ce ton diplomatique, il faut lire un échec retentissant : celui d’une organisation qui n’a pas su préserver son unité, ni incarner la vision de ses pères fondateurs.

Créée en 1975 avec l’ambition de bâtir une communauté solidaire et prospère, la CEDEAO avait pour vocation première d’assurer la libre circulation des personnes et des biens, de favoriser l’intégration économique et de défendre les intérêts de la région. Mais au fil des décennies, elle a perdu de sa substance, engluée dans des intérêts politiciens, des influences étrangères et une incapacité chronique à répondre aux aspirations des peuples.

Loin d’être un espace de solidarité, la CEDEAO s’est transformée en une institution bureaucratique, plus prompte à sanctionner ses propres membres qu’à les accompagner dans leurs crises. Face aux coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, elle a adopté une posture répressive, multipliant les embargos et les menaces, sans jamais chercher un véritable dialogue. Certains chefs d’Etat étaient prêts à envoyer des militaires faire la guerre dans ces pays pour déloger les militaires au pouvoir. Résultat : ces pays ont pris leur destin en main, préférant tourner le dos à une communauté devenue un fardeau plutôt qu’un soutien.

Dans son communiqué, la CEDEAO tente de limiter les dégâts en maintenant certains avantages aux citoyens des pays sortants. Une manière maladroite de masquer la réalité : elle ne peut pas se permettre une rupture brutale, au risque de fragiliser encore davantage ses propres mécanismes. Mais le simple fait qu’elle doive prendre de telles mesures prouve son impuissance. Une communauté qui se veut forte ne laisse pas partir ses membres aussi facilement.

Plus grave encore, cet épisode révèle que la CEDEAO s’est transformée en un instrument sous influence, incapable de s’émanciper des puissances étrangères qui tirent les ficelles en coulisses. Les sanctions imposées aux pays du Sahel, bien souvent dictées par des intérêts extérieurs, ont fini par creuser un fossé irréversible.

Le départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger est un signal d’alarme. La CEDEAO ne peut plus se contenter d’être un club d’élites déconnectées des réalités du terrain. Il est temps qu’elle revienne à la vision de ses fondateurs : une véritable communauté au service des peuples, où la coopération prime sur l’ingérence, où l’indépendance est une réalité et non un slogan.

Cela passe par une réforme en profondeur, une refonte des mécanismes de gouvernance et une rupture avec l’alignement systématique sur les intérêts étrangers. L’Afrique de l’Ouest a besoin d’une CEDEAO forte, mais forte de sa souveraineté, de sa cohésion et de sa capacité à bâtir un avenir commun.

Si elle échoue à se réinventer, d’autres pays suivront le chemin tracé par l’AES. Et la CEDEAO, autrefois promesse d’unité, ne sera plus qu’un souvenir.

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