
Disparu de la scène politique depuis quelques temps, l’ex-président de la Jeunesse de l’UFC et actuel responsable du Mouvement les Templiers, Jean Luc Homawoo, dans une interview exclusive, se prononce sur l’actualité socio-politique au Togo, en Afrique, en Syrie et aux USA. Lecture…
atlanticinfos.tg: Bonjour mon maréchal. Vous semblez avoir disparu des radars des acteurs de la politique togolaise.
Jean Luc Homawoo : Tout d’abord, je rends grâce à Dieu pour ma vie et son éternelle assistance quand je marche dans la vallée de la mort, il est avec moi et son soutien me rassure. Que son nom soit loué. Je profite de l’occasion pour souhaiter bon réveillon à toutes et tous et surtout joyeux Noël.
Répondant à ta question. Pas exactement, la politique n’est un métier que lorsqu’on a un poste politique : maire, député, ministre, etc. Quand ce n’est pas le cas, il faut assumer son quotidien et la politique domestique est une priorité. Il faut faire face à ses responsabilités de famille et préparer ses vieux jours.
Le Togo organise pour la première fois dans son histoire politique, les élections sénatoriales le 2 février 2025. Malheureusement, certaines formations politiques optent pour le boycott de ces scrutins.
Je pense ces élections qui vont permettre de mettre en place le sénat constituent une avancée notable pour le processus de décentralisation entamé au Togo depuis 2019 avec les élections municipales ayant permis la mise en place de 117 Communes dans le pays. Ce que les acteurs politiques et la population doivent savoir est que ces élections sénatoriales sont prévues par la Constitution de 1992. Si vous prenez la Constitution de 1992, il est prévu la mise en place du Sénat. Or pour mettre en place le Sénat, on doit obligatoirement passer par des élections sénatoriales. Si aujourd’hui, le gouvernement a décidé de les organiser, je pense que c’est une bonne chose. C’est une initiative à saluer. C’est une chute logique du processus de la démocratie en cours dans le pays. Mais ce qui est déplorable c’est la stratégie de boycott de certaines formations politiques de l’opposition. J’ai l’impression que la classe politique de l’opposition togolaise ne tire toujours pas des leçons des boycotts des élections de 1993, 1999, 2002 et 2018 dont les conséquences fâcheuses continuent par affecter la lutte politique. Aujourd’hui, l’opposition doit comprendre que seule l’unité d’action peut porter des fruits. Sinon le boycott, c’est une voix suicidaire en politique. Face à la situation actuelle, j’ai exhorte les acteurs politiques qui ont pris la décision de ne pas participer à ces élections, de revoir leur décision. Sinon, ils sont sur le chemin de la perdition.
L’actualité politique sur le plan international c’est la chute de Bachar el-Assad, en Syrie. Quelle leçon un averti de la politique doit tirer ?
Cela me rappelle cette réponse du président Paul Biya à ses détracteurs pour la durée de son pouvoir : « Ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut ».
Finalement, vous êtes partisan du pouvoir pour le pouvoir, vous soutenez les pouvoirs dynastiques en Afrique ?
Pas exactement. Ce que je veux dire c’est qu’exercer le pouvoir au sommet de l’État est un exercice très difficile. Quand ton ennemi est beau, même si c’est ton ennemi, il faut avoir le courage de reconnaître qu’il est beau.
Vous bottez en touche, quelle leçon la chute du pouvoir dynastique syrien vous inspire ?
Tout d’abord, il faut sortir aujourd’hui du prêt à porter : dictature, démocratie, autoritarisme, alternance, etc.
Il faut faire preuve de réalisme et de stratégie. Ceux qui vont bientôt prendre le pouvoir en Syrie ont utilisé la sagesse du caméléon pour parvenir à leurs fins. Ils ont pris toutes les couleurs. À l’inverse, Bachar el-Assad, malgré que son pouvoir ait été sauvé de justesse par la Fédération de Russie, il n’a pas mis à profit ce répit pour s’adapter, pour négocier. Il est demeuré rigide en comptant sur une puissance extérieure aujourd’hui elle-même en difficulté. D’où, elle n’a pas les moyens de le soutenir cette fois-ci et il est tombé comme un fruit pourri.
Peut-on dire que le Président Faure Gnassingbé fait preuve de la sagesse du caméléon avec sa nouvelle constitution ?
Personnellement, ce n’est pas pour moi une surprise. J’avais attiré l’attention de tous sur cette possibilité mais personne n’a prêté attention à mes analyses.
La modification constitutionnelle n’est pas un interdit en politique puisqu’elle est prévue par toute constitution. Si un groupe parlementaire a la majorité requise, il peut se le permettre. Au cas contraire, on peut également demander l’avis du peuple à travers un référendum.
Même aux États-Unis, qualifié de la plus grande démocratie occidentale, le tout nouveau président élu Donald TRUMP exprime son souhait d’une modification constitutionnelle.
Donc le débat ne se situe pas à ce niveau. En bonne intelligence, il serait préférable de chercher pourquoi il y a eu modification ? Comment en est-on encore arrivé là et trouver des solutions idoines pour parvenir à une stabilité institutionnelle et constitutionnelle comme au Bénin, au Ghana ou au Nigeria.
Justement, quelle est votre appréciation du Triomphe de Donald TRUMP, pour vous qui êtes près de la marmite ?
En effet, cela fait bientôt 15 ans que je vis entre le Togo ma patrie et les USA. Je précise que je réside aux États-Unis avec des papiers réguliers. Cela vaut la peine de le préciser, l’immigration clandestine ayant été l’un des thèmes majeurs de la dernière campagne électorale pour la présidence des États-Unis. Je suis un expatrié togolais aux États-Unis.
C’est aussi ce qui explique la rareté de mes interventions depuis un temps sur la politique togolaise. Personnellement, je suis un homme de terrain et je n’aime pas parler de situations pour lesquelles je n’ai pas des sources d’information directe.
Pour revenir à la scène politique américaine que je vis en étant présent dans ce pays, la victoire de Trump ne m’est pas une surprise car Trump est un véritable animal politique qui sait bien utiliser les mots appropriés pour attirer les gens vers lui et surtout il sait faire rêver les gens et surfer sur la crédulité des classes populaires prêtes à croire facilement à la formule qui frappent leur imagination.
Trump est le rêve américain fait chair comme Christ est Dieu fait chair. Ce rêve il le porte bien avec sa réputation de milliardaire en dollars, ses formules chocs: USA d’abord et la suprématisme : MAGA est son slogan de la dernière campagne électorale. Cela veut dire Make América Great Again. Avec cette ligne politique, il touche l’Amérique profonde, blanche, opposée à L’État profond. L’État profond, c’est l’Amérique ouverte à l’intérieur et à l’extérieur, ouverte aux minorités, tolérante à l’immigration, se mêlant des affaires du monde vu son leadership, la taille de son économie et sa puissance. L’opposition à l’Amérique trompiste, c’est l’Amérique généreuse. L’Amérique trompiste, c’est l’Amérique fermée qui me paraît être un produit politique cosmétique auquel seuls les naïfs peuvent croire.
Comme anecdote, Trump a raconté pendant sa campagne que les immigrés clandestins mangent du chien et du chat quand ils ont faim tout en sachant que c’est juste une belle blague. Nous connaissons l’amour des blancs pour leurs animaux de compagnie. Donc le candidat qui dit être contre l’immigration illégale passe comme une lettre à la poste.