Politique

Prévention des conflits en Afrique : des réflexions du CRGI FTA sur l’adaptation des constitutions aux réalités africaines

Dans le cadre de son projet « Citoyenneté et paix » lancé en 2022, le Centre de recherches et de géopolitique internationale Firmin Teko-Agbo (CRGI-FTG) a organisé une conférence publique à Lomé, le lundi 18 mars 2024. Placée sous le thème « prévention des conflits en Afrique : de la nécessité d’adapter nos constitutions à nos réalités ? », cette conférence animée par Dr Ekoue-Folly Gada, Enseignant-chercheur à l’Université de Lomé et Dr Mazamasso Laba, s’est déroulée au moment où  l’actualité socio-politique est dominée ces derniers temps par une probable modification de la Constitution du pays.

 Alors que l’actualité socio-politique au Togo est dominée ces derniers temps une probable modification de la Constitution, le CRGI FTA s’interroge sur la nécessité d’adapter les constitutions africaines aux réalités de ces pays. Simple coïncidence, diraient les organisateurs et experts de la rencontre. Cependant, ils reconnaissent que les Constitutions en Afrique ne riment pas avec les réalités africaines.

Des constitutions en déphasage avec les réalités africaines

Sur la question, Dr Mazamasso Laba, pense qu’en Afrique, les législateurs africains n’ont fait que transposer les constitutions des métropoles dans leur pays respectif sans une adaptation réaliste à l’histoire, à la culture et aux divers traumatismes vécus par le peuple.

« C’est vrai que la constitution actuelle ne prend pas en compte tous les paramètres de la vie togolaise et du citoyen au quotidien. Même s’il faudrait envisager comme d’aucuns nous disent qu’il y a déjà une étude en commission à l’Assemblée nationale, nous osons croire que tous les paramètres qui mettront les Togolais au cœur des gouvernants, doivent être pris en compte. Si vraiment il faut envisager une constitution, il faudra vraiment prendre les aspirations profondes du peuple togolais pour que demain, si j’ai un problème à la justice, il ne faudrait pas que comme moi, je n’ai personne et que celui qui m’a créé du tort, a des relations assez terribles, puisse gagner le procès avant qu’il n’ait lieu », a-t-il fait savoir.

Dr Ekoue-Folly Gada conditionne la modification des constitutions en Afrique

Pour lui, en Afrique, les constitutions ne sont pas faites pour éviter ou régler les conflits, mais pour maintenir l’ordre. Donc pour lui, s’il doit y avoir modification de constitution, on doit tenir vraiment compte des réalités africaines.

Par rapport aux constitutions en Afrique, Dr Ekoue Folly Gada pense qu’on devrait les revoir un peu à travers le processus de codification. « On va faire la codification, surtout pour ce qui concerne les rites civiques et les rites d’ordre pénal. On fait les codifications et on voit un peu dans quelle mesure on peut faire remonter ces préceptes au niveau constitutionnel. On peut carrément créer un chapitre à part dans la Constitution actuelle (du Togo : ndlr), consacrée aux valeurs africaines, dans le cadre de la médiation, de la prévention, de la régulation des conflits », a suggéré l’Universitaire.

« Vous savez aujourd’hui que l’Afrique exporte ces capacités à travers les conflits que nous avons eus en Afrique occidentale. L’activisme diplomatique du Togo et l’évitement de la guerre à tout prix. C’est aujourd’hui comme un Made in Africa. C’est une valeur africaine que de résoudre les problèmes sans passer par les armes, sans passer par des tueries de personnes. On peut consolider ces acquis à travers les Constitutions dans nos juridictions domestiques », a-t-il souligné.

Comme exemple, il a cité le cas des juges de la paix au Togo, ce qui permet aux populations d’avoir accès à un premier niveau de juridiction judiciaire avant le commissariat ou avant le procureur ou encore avant la justice.

Pour prévenir les conflits, l’Enseignant-chercheur pense qu’ils peuvent voir, dans le cadre de la modification des lois fondamentales, dans quelle mesure, ils peuvent travailler sur la justice distributive. « Il faut distribuer les ressources de l’État. Absolument…Cela permettra de réduire les tensions, la vulnérabilité des populations en général dans les zones transfrontalières contre les affres du terrorisme », a affirmé Dr Ekoue-Folly Gada.

Car, il reste convaincu que le gros problème des conflits en Afrique, dans les États, à part les conflits d’ordre politique, « il y a des conflits d’ordre social et des conflits liés à la survivance ou à l’auto survie alimentaire ».

Le collectif avant l’individu dans les Constitutions en Afrique

Pour Dr Gada Folly Ekoué, en Occident, l’individu passe avant le collectif alors qu’en Afrique, c’est le contraire. Les sociétés occidentales sont passées par l’individualisation et la singularité. Or en Afrique, a-t-il soutenu, la société, la collectivité, la communauté est plus importante que l’individu. « Nous devons consacrer dans la Constitution, le principe des communautés, comme modalité de citoyenneté et le principe de l’individu, comme modalité secondaire de citoyenneté », a insisté l’écrivain.

Se prononçant sur la probable modification de l’actuelle Constitution, il doute sur son aboutissement, même si les mandants des députés et élus locaux pourraient être modifiés.

Selon Firmin Teko-Agbo, responsable du CRGI-FTA, il préparait cette conférence depuis 2022 au lancement du projet « citoyenneté et paix ». « En parlant de paix au niveau du centre de Recherches, nous parlons des enjeux géopolitiques, les conflits liés à la Constitution et Élections à violence Zéro…Le sujet qui agite ces derniers temps, c’est la Constitution avec tout ce que nous savons du Sénégal, du Bénin, du Mali et aussi du Togo…Au niveau du Centre, on s’est dit qu’il faille organiser une rencontre avec des experts pour réfléchir sur le sujet. Pourquoi la Constitution constitue-t-elle aujourd’hui une source de conflit dans nos communautés ? », s’est-il interrogé.

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