Société

Togo : Message et vœux de Me Jean Yaovi Dégli pour la nouvelle année

Comme à l’accoutumée, à l’orée de chaque nouvelle année, Dr Jean Yaovi Dégli, Membre de l’Ordre des Avocats du Togo et du Barreau Pénal International, Ancien membre du Barreau de Paris (1995-2010), Ancien avocat de la défense devant le TPIR, adresse un message et formule des vœux à l’endroit de ses compatriotes. Tradition encore respectée cette année par l’ancien Ministre et Porte-parole du Gouvernement de la Transition du Premier Ministre Me Joseph Kokou Koffigoh. Dans son message, l’avocat togolais, tout comme l’année dernière, cette année, a rappelé une vérité immuable qui est qu’« en dehors de Dieu, Grand Architecte de l’Univers, rien n’est éternel ». Habitué de l’actualité d’ici et d’ailleurs, le Lauréat du Prix International Edit de Nantes (1992) et Président d’honneur de la Ligue togolaise des droits de l’homme, dans son message et de vœux pour 2024, a fait le tour de l’actualité socio-politique voire économique du Togo, d’Afrique et de l’Occident. Me Jean Yaovi Dégli, Président International du mouvement « Bâtir le Togo » et membre du Haut Conseil de la République (HCR) en 1992, n’a  pas oublié nos Forces de Défense et de Sécurité qui risquent leur vie et leur intégrité physique pour protéger la Nation, a qui, il a souhaité « courage », « bravoure », « abnégation » et « la protection de Dieu ». A la Terre de nos Aïeux, il a souhaité « une nouvelle fois un meilleur sort pour 2024 ». « Moins de problèmes et de discorde et plus d’Amour, de Solidarité, de Compassion ». Tels sont les vœux de l’avocat pour le Togo.

A l’Afrique, Me Dégli a souhaité une prise de conscience réelle pour une gouvernance consensuelle afin que les immenses ressources dont regorge le continent finissent par faire le bonheur de ses enfants et que le continent noir cesse enfin d’être l’ « objet de mépris et de risée » du reste du monde.

Au Monde,  le Membre de l’Ordre des Avocats du Barreau Pénal International a souhaité que « les plus forts et les plus nantis respectent les plus faibles et les moins nantis ».

« Que le respect de la Dignité humaine, la Solidarité, le Partage et la Compréhension permettent une Humanité meilleure », a fait savoir l’Avocat.

Pour le Président internationale du Mouvement « Bâtir le Togo », « Puisse la politique internationale cesser enfin d’être un jeu des intérêts personnels et particuliers égoïstes pour s’orienter vers la satisfaction de l’intérêt général et le bonheur de l’Humain et de l’Humanité ». En intégralité, le message et vœux pour 2024 de Me Jean Yaovi Dégli,…

« MESSAGE ET VŒUX POUR 2024

Togolaises, Togolais ;

Populations des villes et des campagnes ;

Mes Chers Compatriotes.

L’année dernière nous avons commencé notre message de l’année en rappelant cette vérité immuable qui est qu’« en dehors de Dieu, Grand Architecte de l’Univers, rien n’est éternel ». Il s’agissait de nous amener à avoir constamment à l’esprit que tout passe, que tout finit indubitablement par passer, et que seul l’Être Immuable au nom Ineffable reste et demeure parce qu’il est l’UN, celui de qui tout provient et en qui tout retourne. Il s’agissait également de nous rappeler qu’une année étant une des créations de ce Grand Architecte du monde, quelle qu’elle soit, elle finit à un moment donné par faire ses bagages et disparaître. C’est ainsi que comme l’année 2022 lui avait cédé sa place, l’an 2023 s’apprête lui aussi à disparaître pour laisser 2024 s’installer sur le trône des années durant les 366 jours à venir.

Le caractère éphémère et passager de toute chose s’est une fois encore largement manifesté au cours de 2023, malheureusement le plus souvent à nos dépens. Ainsi par exemple, après le Mali et le Burkina Faso, la France a été invitée à quitter le Niger, un de ses bastions fondamentaux en Afrique. Le clan Bongo a perdu le pouvoir au Gabon. Au Proche Orient, le Hamas qui a été pendant des années entretenu par une certaine classe politique israélienne désireuse d’affaiblir l’Autorité palestinienne pour entraver toute solution à deux (2) États dans cette région, a montré son vrai visage à ceux qui croyaient pouvoir s’en servir pour leur stratégie machiavélique. Ce qui s’est passé depuis le 7 octobre 2023 avec la barbarie contre de paisibles citoyens israéliens et la réponse tout aussi barbare qui lui est donnée a démontré que seule une solution qui aiderait à calmer les esprits et les ardeurs des deux côtés pourra permettre aux Israéliens et aux Palestiniens de jouir de la vie, de l’intégrité physique et de la Paix. On ne peut pas élever un monstre dans sa maison en espérant vivre sans péril. Du côté de l’Europe, l’Ukraine s’est rendue compte que l’aide des occidentaux pour qui elle fait une guerre par procuration ne sera pas éternelle et qu’elle risque de se retrouver un jour seule face aux coût et conséquences de ce conflit.

A divers degrés, au niveau de nos communautés et même sur le plan strictement individuel, chacun d’entre nous a pu faire l’expérience du caractère éphémère des joies et des peines. Pendant ce temps, le Grand Architecte demeure le même.

Les années passent et se ressemblent malheureusement. Comme un pavé mosaïque, toutes sont faites de heurts et de malheurs, de joies et de peines, de rires et de pleurs tout comme une journée est composée de jour et de nuit, de lumière et d’obscurité. De tout ce que l’année 2023 nous a distillé au cours des 365 jours qu’elle a comptés, sachons remercier le Grand Architecte de l’Univers tout en tirant les bonnes leçons de chaque événement dont elle nous a abreuvé afin que l’année 2024 soit pour nous beaucoup plus positive sur le plan du bilan.

Comme tous les ans, nous essayerons d’analyser les événements marquants de l’année 2023 avant de formuler nos vœux pour 2024. Mais avant toute chose, qu’il nous soit permis de nous incliner devant la dépouille de ceux d’entre nous qui ont dû combattre ce combat ultime de la mort et rejoindre l’Orient Éternel au cours de cette année 2023. Parmi eux des pèlerins qui ont donné toute leur vie à la lutte pour un perfectionnement moral, matériel, et spirituel de l’Humanité. Courage aux vivants, condoléances aux familles éplorées et que l’âme des défunts, humbles comme illustres, repose en paix.

Bâtir le Togo voudrait présenter des condoléances particulières aux familles des membres de nos forces de défense et de sécurité tombés face à l’extrémisme violent qui tente de s’emparer de nos contrées. Que Dieu ait l’âme de ces défunts et panse les plaies dans les cœurs de leurs proches. Bâtir le Togo demeure reconnaissant pour tous ceux dont les efforts permettent à nos populations de pouvoir demeurer dans la paix et la sécurité.

Cela étant quelles sont les principales analyses à faire et les quelques leçons à tirer de 2023 ?

Concernant notre pays le Togo et sur un plan positif, il faut noter que les efforts du gouvernement se sont poursuivis pour améliorer le sort des populations les plus vulnérables (augmentation du salaire minimum, poursuite des stratégies de finance inclusive, extension de l’assurance maladie universelle, et aides ponctuelles aux sinistrés de tout genre), accessibilité aux populations les plus reculées (construction d’infrastructures dont les routes, des pistes et des ponts), amélioration du système éducatif, etc.). Aux rangs de ces faits, la réaction des pouvoirs publics vis-à-vis des commerçantes et commerçants suite à l’incendie du marché d’Agoè est appréciable et Bâtir le Togo voudrait féliciter et remercier les autorités togolaises au premier rang desquels le Chef de l’État pour les diverses interventions dans ce domaine.

Même si toutes les mesures ci-dessus énumérées ne sont pas suffisantes pour définitivement mettre fin à la misère et à la précarité dans notre pays, elles ont le mérite d’exister comme le début de commencement de quelque chose dont il faudra appeler la poursuite et surtout l’amélioration. Il faut donc rendre César à César.

Relativement à l’incendie du marché d’Agoè, il est indispensable que toute la lumière soit faite sur les conditions dans lesquelles cet incendie s’est déclenché non seulement afin de lever toute suspicion sur son origine mais également prévenir ce genre de drame à l’avenir.

Sur un autre plan, il faut saluer le fait que pour une première fois, notre gouvernement a accepté d’aller s’expliquer devant l’Assemblée Nationale sur des questions qui ont suscité l’inquiétude des citoyens (il s’agit de l’utilisation des Fonds COVID). Il est indispensable que cette pratique devienne la règle puisque les gouvernants ne sont que des mandataires du Peuple qui leur a confié une mission dont ils doivent toujours rendre compte le plus fidèlement possible et dans la transparence. Les citoyens doivent demeurer vigilants et l’Assemblée Nationale doit jouer son rôle de contrôle sans laxisme ni parti pris. La bonne gouvernance l’exige.

Relativement aux rendez-vous politiques, certes les élections législatives et cantonales (régionales) n’ont pas pu se tenir avant la fin de l’année 2023 comme initialement prévu. Toutefois l’initiative que les discussions ont provoquée et qui a consisté à revoir le découpage électoral ainsi que le nombre de députés à l’Assemblée nationale nous donne l’espoir que bientôt les citoyens togolais seront égaux du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest. Ainsi, le découpage électoral ainsi que la représentation d’une région au sein du parlement ne se feront plus sur la base de la superficie de cette région et d’autres considérations totalement imaginaires et arbitraires mais seront plutôt le fruit de la représentation réelle de nos populations sans autre forme de considérations politiciennes. Nous espérons que les espoirs sur ce plan ne seront pas déçus et que cette vision pourra devenir bientôt une réalité dans notre pays aussi.

Sur le plan international, notre pays s’est encore illustré par sa volonté de trouver des solutions consensuelles et porteuses de paix et d’espoir dans les pays qui connaissent des difficultés politiques ou la guerre (Burkina Faso, Mali, Niger, Soudan, etc.). Ces efforts et succès diplomatiques sont à saluer.

Au chapitre des rubriques négatives, les problèmes de corruption, de népotisme, de favoritisme, de tribaliste, de répartition inéquitable des ressources de la Nation accaparées par certains pans de la population au détriment de la majorité, de mauvais fonctionnement de la justice, d’injustice, de violation des droits de l’Homme et autre sont encore monnaie courante même si de guerre lasse, la voix étouffée de ceux qui sont ou doivent être les porte-paroles des sans voix n’arrivent plus à porter. Le plus inquiétant, c’est la réduction de plus en plus drastique de l’espace de liberté qui donne progressivement de notre pays l’image d’une dictature à parti unique des années 70 où seule la voix du parti au pouvoir, parti État, et de ses dirigeants reste audible et autorisée. Le triptyque à une seule solution « demandez, on vous frappera ; cherchez, on vous frappera ; frappez, on vous frappera » (et on vous frappera à mort) que nous avions connue à cette époque semble désormais être de nouveau à nos portes. Cette situation est d’autant plus grave et anachronique que notre pays s’installe de plus en plus comme un rassembleur, une source de solutions et donc un faiseur de paix en dehors de nos frontières. Il est indispensable que pendant que nous balayons efficacement la maison des autres et sommes devenus des bienfaiteurs sur le plan sous régional et international, nos concitoyens bénéficient des bonnes œuvres dont nos dirigeants sont capables.

Au niveau du continent africain, beaucoup d’événements ont encore marqué l’Afrique aussi bien positivement que négativement. Ainsi, pendant que la guerre s’est installée au Soudan, qu’elle continue d’embraser Libye, la République Démocratique du Congo (RDC), la Somalie, le Soudan du Sud et de continuer dans une certaine mesure entre le Maroc et la République Arabe Sahraoui Démocratique, le terrorisme ronge le Burkina Faso, le Mali, le Mozambique, le Niger et le Nigeria, en essayant de pénétrer plus profondément le Bénin et le Togo et de forcer le passage vers la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Dans le même temps, les problèmes de gouvernance ont fait tomber les pouvoirs politiques au Gabon et au Niger alors que les tentatives de coup d’État essayent de ramper vers les gouvernements en Guinée Bissau et en Sierra Leone, et que le Sénégal peine à sortir définitivement des soubresauts politiques qui auraient pu être évités par les gouvernants et autres acteurs politiques de ce pays.

Sur le plan positif, les populations gabonaises se sont senties libérées d’une dictature qui les tient en étau et en otage depuis les indépendances. Elles doivent cependant sortir rapidement de l’euphorie dans laquelle elles sont plongées vis-à-vis des nouveaux dirigeants pour garder les yeux grandement ouverts et rester vigilantes afin de ne pas remplacer un monstre par un autre dont ils auront tout autant de difficulté à se défaire.

Vers une libération du joug du colonialisme et du néo-colonialisme ?

Depuis quelques années, les populations africaines, surtout du Sahel, essayent de se libérer du joug du néo-colonialisme et de la domination sous toutes ses formes. Ce mouvement à relent panafricaniste qui a théoriquement commencé à irradier toute l’Afrique avant de trouver ses premières manifestations concrètes et pratiques dans les pays du Sahel comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger est certainement salvateur pour le continent s’il demeure effectivement franc et sincère et va au bout. Sa manifestation dans ces pays s’est faite à la faveur du refus de la mauvaise gouvernance dont se sont drapés les nouveaux dirigeants, arrivés au pouvoir avec l’avènement de la démocratie, et qui ont cru pouvoir se servir du système démocratique pour perpétuer les gouvernances au profit exclusif des dirigeants, de leur famille, d’une certaine élite qui les entoure et des anciennes puissances colonisatrices. Or, les révolutions démocratiques dans lesquelles s’étaient engagées les populations africaines dans les années 90 et qui ont conduit à la mise en place de la démocratique n’avaient pas pour but uniquement de changer le système politique en passant des dictatures à la démocratie. Les populations africaines avaient clairement opté à cette occasion pour un système politique qui leur garantisse un minimum de bien-être collectif et donc qui permette une gouvernance dans l’intérêt général des peuples. C’est parce qu’elles considéraient que la démocratie permettrait de garantir ce changement qu’elles ont opté pour ce système. Malheureusement, avec l’aide et le concours des réseaux de l’ancien colonisateur, le système de gouvernance qui avait été mis en œuvre sous les régimes de dictature d’après indépendance s’est perpétué à travers cette démocratie naissante dans nos pays. Les renversements de régimes démocratiquement élus qui s’en sont suivis avaient donc pour but de changer définitivement et durablement cette gouvernance dévoyée et de conduire vers une gouvernance qui donne satisfaction aux peuples africains. C’est justement en ce sens que les populations semblent applaudir les nouveaux dirigeants. Il est donc nécessaire et indispensable que ceux-ci ne confondent pas l’approbation des peuples avec un blanc-seing où une autorisation populaire de s’incruster au pouvoir et de gouverner selon leur bon vouloir.

Certes, la réaction des anciens colonisateurs et un certain nombre d’événements conduisent les régimes militaires installés dans ces pays dans le cadre des transitions en place à proclamer haut et fort la souveraineté des pays concernés et des peuples africains dans une dynamique d’indépendance retrouvée. Il faut cependant rappeler à ces nouveaux dirigeants que cela ne saurait constituer une raison suffisante pour être au pouvoir et moins encore s’y éterniser. En effet, la proclamation exaltée de la souveraineté et la volonté de panafricanisme ne peuvent pas être à elles seules constitutives d’un programme politique à servir à un peuple. Il faut aller au-delà de ce b-a-ba et mettre en place un véritable programme permettant d’avoir une gouvernance digne de ce nom qui permette aux populations de se sentir prises en compte dans leur désir d’un Bien Être partagé. L’indépendance et la souveraineté doivent être totales, surtout économique et changer quelque chose dans la vie des citoyens. Bref, il faut instaurer des systèmes de gouvernance consensuelle qui permettent d’aboutir sinon à une réelle prospérité partagée en tout cas à un minimum bien être pour tous.

Une fois les règles et les principes de ces systèmes d’une meilleure gouvernance mis en place, les pouvoirs militaires actuels doivent revenir à des régimes civils avec un système respectant les règles démocratiques et dans lequel la reddition des comptes doit empêcher que les tenants du pouvoir se servent de leur mandat pour satisfaire des ambitions personnelles et le bonheur d’une minorité (familles et autres proches).

Poursuivre l’expérience démocratique ou revenir à la dictature ?

Les soubresauts qui ont conduit à des renversements des régimes démocratiquement élus au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont donné l’occasion à certains supporters de certains régimes de dictatures ou qui peinent à appliquer les règles et principes démocratiques à conclure et crier très vite que « la démocratie à l’occidental a échoué en Afrique ». Pour eux, il faut les laisser revenir à la dictature ou continuer à gouverner comme dans les régimes de dictatures d’avant les années 90. Ces affirmations hâtives appellent certaines observations.

Premièrement, les pays dans lesquels il y a eu des coups d’État ne sont pas des pays où les populations ont appelé des militaires au pouvoir parce qu’elles rejettent le système de démocratie qui est le système de liberté par excellence. Il s’agit au contraire de pays dans lesquels le système démocratique a été dévoyé avec une gouvernance qui aboutissait aux mêmes dérives que celles connues sous la dictature. Si dans certains de ces pays c’est le pillage, la corruption et/ou l’incompétence des gouvernants face aux défis du moment qui a conduit au renversement des systèmes en place (Burkina Faso, Mali), dans d’autres c’est la volonté des dirigeants au pouvoir de changer les règles du jeu à leur profit exclusif ou de confisquer le système démocratique à leur profit (Gabon et Guinée) qui a conduit aux coups d’État. Le problème qui s’est posé est donc celui de la gouvernance et non de l’échec de la démocratie.

Deuxièmement, il y a aujourd’hui plusieurs pays africains qui pratiquent la démocratie et appliquent dans une large mesure les règles démocratiques sur le plan électoral et de la gouvernance (ex. Afrique du Sud, Bénin, Botswana, Cap-Vert, Ghana, Kenya, Sénégal, etc.) Dans aucun de ces pays, les populations ne se sont révoltées contre le système démocratique pour demander un retour ou un recours à la dictature. Les populations de ces pays et les citoyens sont exactement les mêmes êtres humains que dans les pays où l’on peine à mettre en pratique les règles démocratiques et où l’on se complaît désormais dans la revendication d’un retour ou d’un droit à la dictature.

Troisièmement, dans les pays et les régimes où l’on proclame urbi et orbi que la démocratie à l’occidental a échoué, les gouvernants n’ont jamais mis en applications les règles et les principes démocratiques. Ces régimes ont systématiquement refusé de mettre en œuvre les règles démocratiques ou ont toujours mis des entraves à leur bonne application. Comment peuvent-ils alors décréter l’échec d’un système qu’ils n’ont jamais appliqué ? Comment un malade qui n’a jamais pris les remèdes que le médecin lui a prescrits peut-il décréter que les médicaments ont été sans effet sur sa maladie ou que le médecin est incompétent ?

Quatrièmement, il faut rappeler que la dictature telle que l’Afrique l’a connue (avec la tyrannie, associée au pillage des ressources, à la confiscation de tous les biens du pays au profit d’une seule personne et de son entourage, la corruption, la concussion, la gabegie, l’absence de justice, etc.) n’est pas originaire d’Afrique et n’a rien à voir avec les systèmes de gouvernance traditionnels africains. Il s’agit d’un modèle copié sur la gouvernance coloniale qui a d’ailleurs été imposé par le colonisateur après l’indépendance au motif que l’Afrique ne pourrait se développer que dans des régimes forts. 30 ans après, on s’est rendu compte que ce modèle de gouvernance qui a privé les Africains de démocratie et de libertés sans leur apporter le développement a plutôt retardé l’Afrique. C’est de là que vient l’idée de revenir à la démocratie qui a le mérite de garantir l’existence et le rôle des contre-pouvoirs.

On comprend donc difficilement la position des tenants de la thèse de l’échec de la démocratie à l’occidental et d’un retour à l’ancien système qu’est la dictature.

En tout état de cause, le problème de l’Afrique est moins un problème de démocratie que celui de la gouvernance. Si nous prenons l’Asie, on note que la Chine évolue dans un système qui n’est pas libéral mais est devenue la première puissance économique du monde. L’Inde est dans un système démocratique et est l’une des puissances économiques du monde à côté d’autres démocraties comme le Japon. La Corée du Sud a commencé son émergence économique sous la dictature et est devenue une démocratie dans les années 70 avant de finaliser son entrée définitive dans le club des pays les plus développés comme cinquième économie mondiale. Ce qui est cependant notable dans ces pays est que les citoyens qui deviennent plus tard les dirigeants ont un esprit patriotique très fort et sont animés une fois au pouvoir d’une vision pour leur nation. Ce genre de valeur nous manque énormément en Afrique. Et comme le seul système qui met assez de garde-fous pour permettre de limiter les dégâts d’une mal gouvernance est la démocratie, elle s’est imposée à notre continent. Avons-nous un autre système qui garantisse la bonne gouvernance et l’intérêt général chez nous ?

En tout état de cause, les dirigeants africains doivent eux aussi essayer de se départir des pillages, de la corruption, du favoritisme, du culte de la médiocrité, de l’injustice, de la volonté de se servir du pouvoir pour satisfaire des intérêts personnels égoïstes, pour baser leur gouvernance sur une vision pour leur peuple et la réalisation du bonheur et de la prospérité de leur pays et de leurs concitoyens. Ils doivent mettre en place une gouvernance consensuelle qui satisfait l’Intérêt Général et le Bien Être Général pour permettre au continent noir de cesser de cultiver la misère et d’être la risée du monde. On ne peut pas comprendre que notre continent ait toutes les richesses à ses pieds et que d’autres viennent chercher ces richesses pour faire la prospérité de leurs peuples pendant que la propriétaire de ces biens qu’est l’Afrique continue de ne servir que la pauvreté et la misère à ses enfants.

C’est essentiellement là que doit se manifester et se traduire dans la réalité le rêve d’indépendance, de décolonisation et le réveil panafricain. Pas dans les grands discours. Cesser de tendre chaque fois la main et nous occuper effectivement de nos pays et de nos populations. C’est ce faisant que nous pourrons éviter que l’on nous fatigue de condescendance, de leçons et de mépris de tout genre. L’Afrique est certes fatiguée de tout cela de la part de l’Occident.

Mais les Africains sont d’abord et avant tout fatigués des comportements peu orthodoxes de tous leurs dirigeants et élites qui permettent que des donneurs de leçons de tout genre continuent d’avoir des raisons de fatiguer le continent noir d’autant de mépris.

Au niveau mondial et des droits humains

Les occidentaux sont demeurés dans leur logique habituelle. Lorsqu’ils ne se sont pas opposés avec véhémence à la Chine contre l’émergence et l’hégémonie de laquelle ils se battent avec force vigueur, ils continuent un combat sans merci et une guerre par procuration contre la Russie pendant qu’ils tentent d’exporter vers l’Afrique de nouveaux « droits de l’homme » qu’ils ont mis des siècles à accepter chez eux. En effet, la lutte de l’Occident pour faire accepter l’homosexualité et sa promotion en Afrique au mépris du niveau culturel de notre continent semble en effet ignorer que Socrate et ses jeunes compagnons comme Alcibiade avaient été condamnés pour pédérastie (homosexualité) et que le Maître avait été mis à mort entre autres pour cette raison. Elle semble également ignorer que jusque dans les années 80, les pays occidentaux ne faisaient aucune place aux homosexuels, qualifiés vulgairement de « pédés » et conspués à ce titre. C’est d’ailleurs justement contre des accusations de pédérastie que la vedette française de la chanson Michel Polnareff avait dû se défendre en composant en 1970 la fameuse chanson « Je suis un homme ». S’il a fallu les années 1990 et 2000 pour accepter l’homosexualité et la légaliser en Europe et aux USA, c’est dire que les sociétés occidentales ont dû faire un long chemin pour en arriver au « pacs » et enfin au « mariage pour tous » qui ont intégré désormais les couples homosexuels dans les normes juridiques et le paysage social. Qu’il soit permis à l’Afrique de faire son chemin et à ses cultures de s’accommoder un jour de ce nouvel aspect des droits humains dont l’Afrique qui se bat encore pour les droits basiques de ses populations n’est pas aujourd’hui friande.

Relativement aux conflits, la guerre entre l’Ukraine et la Russie demeure toujours d’autant plus virulente qu’au-delà de la préservation des frontières de l’Ukraine, cette guerre a ses véritables racines dans des questions de géostratégie dans lesquelles l’Ukraine n’a en réalité aucun intérêt. Bien évidemment la Russie n’a pas raison de s’attaquer à l’Ukraine. Cela étant, les actions et stratégies qui ont poussé la Russie à cette extrémité ont-elles des raisons d’être ?

Il est temps que cette dernière comprenne et entre dans des négociations de paix avec la Russie pour que ce conflit prenne fin. Les difficultés de plus en plus grandes pour l’Ukraine à obtenir le financement de la guerre par les pays occidentaux doivent lui ouvrir les yeux et mener vers la voie de la négociation et la paix. Quelles que soient les raisons et la durée d’une guerre, elle finit nécessairement un jour par la table de négociation et la paix. Combien de morts, de blessés, destructions, etc. faudrait-il avant de penser à la paix ?

Au Proche Orient, le conflit israélo-palestinien a démontré les limites de toute stratégie politique et la nécessité d’une solution à deux États : un israélien et l’autre palestinien. Tant que ces deux peuples ne pourront pas vivre en paix dans les frontières d’un État pour chacun d’entre eux, il sera difficile d’espérer une paix durable dans cette région du monde.

Ce conflit a également révélé une nouvelle fois aux yeux du monde comment les droits de l’Homme sont toujours appliqués à la carte, à la tête du client, avec ce double standard qui fait que ce qui vaut pour les uns n’est pas valable pour les autres. Les massacres quotidiens auxquels nous assistons tous les jours depuis le 7 octobre 2023 et dont on nous dit qu’ils sont destinés à éradiquer le Hamas ne constituent nullement une guerre pour Israël. Il s’agit plutôt d’une façon pour son premier ministre actuel d’éviter ou de repousser l’échéance de la chute politique inexorable qui l’attend. Plus la guerre dure, plus il se maintiendra au pouvoir et essayera de redorer son blason largement terni. En effet, prétendre éradiquer le Hamas est une grande utopie car le Hamas, c’est une idéologie, c’est une conception de la résistance, une philosophie de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Et plus il y aura des morts côté palestinien, plus il y aura l’esprit Hamas et donc de Hamas demain. Il est par conséquent indispensable que les puissances qui soutiennent Israël comprennent cette donne et appellent sincèrement à la fin des massacres. Espérons que les vies palestiniennes qui valent autant que celles israéliennes et ukrainiennes finiront par être préservées et que le carnage auquel nous assistons depuis le 7 octobre 2023 finira par s’arrêter.

Puissent donc les puissants œuvrer pour la paix au proche Orient plus particulièrement à Gaza, mais aussi en Ukraine, en Afghanistan, en Birmanie, en Somalie, au Soudan, en RDC, et partout ailleurs où ce fléau continue de faire des ravages dans le monde.

Toujours dans la rubrique des droits humains, pendant que la faim, la misère, les guerres et d’autres calamités continuent de pousser les citoyens de diverses contrées sur les routes de l’exil, les nouvelles normes adoptées dans les pays occidentaux et surtout en France (en cette fin d’année) contre l’immigration démontrent une nouvelle fois que 75 ans après la Déclaration Universelle des

Droits de l’Homme, les êtres humains ne sont toujours pas considérés comme ayant une égale dignité.

Il est temps pour l’Afrique de comprendre ces leçons et de mettre en place des politiques permettant d’éviter à ses enfants de continuer d’aller se déverser dans les océans ou d’aller souffrir le martyr à l’étranger au motif de chercher une vie meilleure.

Tel est en résumé ce que nous pouvons dire de l’état du monde dans lequel nous avons vécu en 2023.

Ce tableau sombre, loin de nous décourager, nous donne l’espérance que la lutte pour le Bien Être doit continuer afin de toujours cultiver l’espoir d’un lendemain meilleur. En effet, dans un monde où les valeurs d’Amour, de Charité, de partage, de respect de l’autre, etc. ont disparu ou sont sur le point de l’être, si la lumière de l’Espérance ne continue pas de briller, les chemins qui mènent vers le futur de l’Humanité seront à jamais assombris.

C’est avec cette conviction solidement ancrée dans ses principes qu’une fois encore Bâtir le Togo voudrait par ma voix souhaiter les vœux les meilleurs à tous et à chacun pour la nouvelle année 2024.

A chacun de vous, je souhaite une bonne, heureuse et sainte année 2024. Que la Santé, la Paix, l’Amour, la Joie et le Bonheur soient le partage de vous tous pour la nouvelle année. Que l’Amour, source de tout bienfait règne parmi tous les citoyens de notre pays. Que la Paix véritable s’installe et s’incruste définitivement sur cette Terre de nos Aïeux, et que la Joie sincère et véritable embrase les cœurs.

Aux membres de nos Forces de Défense et de Sécurité qui risquent leur vie et leur intégrité physique pour protéger la Nation, je souhaite courage, bravoure, abnégation et la protection de Dieu.

Que la Sagesse, la Force et la Beauté président à toutes vos œuvres.

Prenez soin de vous et travaillons ensemble à la beauté des choses.

Bonne et Heureuse Année 2024 à chacun d’entre vous et à tous ceux qui vous sont chers.

A la Terre de nos Aïeux, je souhaite une nouvelle fois un meilleur sort pour 2024. Moins de problèmes et de discorde et plus d’Amour, de Solidarité, de Compassion. Puissent la bonne gouvernance politique et économique avec un partage plus équitable des richesses de la nation se faire jour et que la culture de l’intérêt général devienne une de nos valeurs chéries en toute chose.

Que les élections qui vont se tenir cette année le soient dans la paix avant pendant et après leur déroulement.

A l’Afrique, je souhaite une prise de conscience réelle pour une gouvernance consensuelle afin que les immenses ressources dont regorge notre continent finissent par faire le bonheur de ses enfants et que le continent noir cesse enfin d’être l’objet de mépris et de risée du reste du monde.

Au Monde, je souhaite que les plus forts et les plus nantis respectent les plus faibles et les moins nantis.

Que le respect de la Dignité humaine, la Solidarité, le Partage et la Compréhension permettent une Humanité meilleure.

Puisse la politique internationale cesser enfin d’être un jeu des intérêts personnels et particuliers égoïstes pour s’orienter vers la satisfaction de l’intérêt général et le bonheur de l’Humain et de l’Humanité.

Que l’Éternel bénisse le Togo ;

Que vive l’Afrique, et que prospère l’Humanité.

« Prêts pour la Démocratie, la lutte continue »

Jean Yaovi DEGLI

Président International du mouvement « Bâtir le Togo » ».

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