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Enseignement supérieur au Togo : des inquiétudes et interrogations autour des examens nationaux et du système LMD

Désormais, au Togo, les diplômes de licence et Master sont soumis à des examens nationaux standardisés, tant dans les établissements publics que privés. Cette mesure annoncée en juillet dernier et qui entre en vigueur pour l’examen de la licence l’année prochaine et dans deux (02) ans pour le Master, vise selon les autorités, à garantir une évaluation équitable et impartiale des compétences des étudiants, tout en rehaussant la qualité de l’enseignement supérieur au Togo.

Cette réforme majeure est faite pour instaurer davantage de rigueur et de sérieux dans les cursus de Masters au sein des universités dans le pays.

Par ailleurs, avant cette réforme, le système d’évaluation des Masters variait d’une université à une autre, entraînant parfois des incohérences dans l’obtention des diplômes et suscitant des doutes quant à la désignation de certaines filières. L’objectif visé par le gouvernement en centralisant les examens au niveau national, est d’uniformiser les critères d’évaluation et assurer une meilleure équité entre les étudiants issus de différentes institutions.

Les avantages de cette initiative sont multiples. Primo, cette réforme permettra de renforcer la reconnaissance internationale des diplômes togolais, facilitant ainsi la mobilité des étudiants à l’échelle mondiale. Secundo, elle encouragera les établissements d’enseignement supérieur à maintenir un niveau d’excellence élevé, stimulant ainsi la compétitivité globale du système éducatif togolais.

Au-delà, cette nouvelle réforme ambitionne également de promouvoir la recherche académique et l’innovation en offrant aux étudiants des conditions propices à l’épanouissement de leur potentiel intellectuel. Ainsi donc, elle s’inscrit dans une volonté de moderniser l’enseignement supérieur au Togo, afin de répondre aux défis de l’heure et de contribuer au développement socio-économique du pays.

Avec cette nouvelle approche de l’évaluation des diplômes de licence et Master, l’Enseignement supérieur au Togo marque un tournant significatif dans son l’histoire. En instaurant des examens nationaux de Licences et de Masters, le pays s’engage résolument vers l’excellence académique et aspire à une ancienne génération d’étudiants compétents, innovants et bien préparés pour affronter les défis du futur.

Une reforme salutaire qui ne semble pas faire l’unanimité

Cette nouvelle réforme relative à l’organisation des examens nationaux en Licences et Masters est salutaire. Cependant, elle ne semble pas faire l’unanimité dans l’enseignement supérieur, pour la simple raison qu’elle suscite beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes.

L’historique des Etablissements Privés de l’Enseignement Supérieur (EPES)

Au Togo, l’émergence des Etablissements Privés de l’Enseignement Supérieur (EPES) remonte à 1986 et a atteint son âge d’or en 1994. L’objectif visé par les promoteurs étant  de suppléer l’Etat avec le désengorgement de l’Université du Bénin d’alors, aujourd’hui l’Université de Lomé d’une massification de la population estudiantine.

S’inscrivant dans le même cadre, le projet de l’Université de Kara initié dans les années 1977-1978 a refait surface et matérialisé le 21 janvier 1999. Mais ce n’est que le 23 janvier 2004 que les portes de l’Université de Kara, au Nord du pays, seront ouvertes.

Jusqu’ici, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) a joué un rôle de Conseil en vue d’accompagner le développement des EPES qui, aujourd’hui, bien évidemment, drainent un nombre important d’Etudiants étrangers et nationaux.

Après un processus d’harmonisation des curricula très discutables, le MESR envisage que les Licences et Masters feront dorénavant l’objet d’un Examen National.

Remise en cause des programmes de formation des EPES ?

Vers une remise en cause des programmes de formation des EPES ? Cette question mérite tout son pesant d’or et pour cause. Puisque, avec tous les adjectifs employés par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (MESR) comme justificatifs, revient clairement à la remise en cause du processus d’agréments des EPS délivrés par le même Ministère. Pour mémoire, au Togo, avant d’ouvrir un Etablissement d’enseignement supérieur, et avoir l’agrément, tous les programmes à exécuter sont validés par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Donc, tous les programmes exécutés dans les EPES jusqu’à ce jour ont été validés par le MESR lors de la demande d’ouverture et d’agrément.

Par ailleurs, il faut souligner que c’est avec ces mêmes programmes que la certification du CAMES est obtenue par certaines EPES. En clair, des programmes sont reconnus par la communauté universitaire internationale.

Au niveau des responsables des Etablissements privés de l’enseignement supérieur (EPES), d’une part, l’initiative d’Examen National envisagée par le MESR leur parait « hasardeuse » et « dangereuse », et d’autre part, porte gravement atteinte à l’esprit LMD.

Ils s’interrogent même sur la possibilité d’organiser « sereinement » 400 à 800 Examens Nationaux par an si l’on tient compte du nombre des filières existant dans chaque Etablissement.

L’autre interrogation est de savoir à quoi serviraient donc les relevés semestriels délivrés par les EPES avec l’organisation des examens nationaux de Licences et Masters ?

Quel est le sort du système LMD avec cette réforme ?

Des inquiétudes et interrogations demeurent et persistent. Quel sort sera réservé à la mobilité qui est l’une des particularités et caractéristiques primordiales du système LMD ?

Si jamais cette réforme venait à être mise en application à compter de 2024, ne tend-t-on pas vers la fermeture assurée des portes des EPES du Togo très fréquentés par les Etudiants étrangers en les encourageant de facto à se diriger vers les pays de la sous-région tels que le Burkina Faso, la côte d’Ivoire, le Niger et le Sénégal pour ne citer que ceux-là ?

L’exemple du Bénin en matière d’Examen National est une particularité.

Avec cette réforme, on voit une stigmatisation des EPES alors que ceux-ci emploient dans certains cas les mêmes Enseignants que le Public (Professeurs Associés et Vacataires Professionnels Experts dans leurs domaines).

Des propos déplacés et blessants

Pour défendre la réforme, l’argument avancé par certaines personnes est que les diplômes sont distribués « sans mérite » par les EPES. Un argument jugé « fallacieux » et « indigne », car il remet en cause la moralité et la compétence des Enseignants Togolais et jette l’opprobre sur tout le système éducatif togolais.

A l’occasion, les responsables des EPES ont tenu à rappeler aux tenants de ces propos discourtois et révoltants que la plupart de leurs collègues enseignants chercheurs ont obtenu leurs Grades au CAMES après des études normales, réglementaires et efforts soutenus.

Au même moment, ils ont souligné que les mêmes collègues ont signé les Code d’Ethique et de Déontologie du CAMES pour chaque activité qui se rapporte à l’Enseignement Supérieur.

Cependant, l’EPES souhaite avoir les critères de choix de l’International Investment Corporation Sarl l’ayant permis de réaliser la mission relative à la conception des maquettes des offres de formation de l’enseignement supérieur au Togo.

Puisque, n’étant pas du domaine de l’Enseignement supérieur, il y a de doute que les résultats de l’étude ne reflètent pas la réalité du terrain.

En somme, pour l’intérêt général de l’Enseignement supérieur au Togo, les EPES demandent au MESR de renoncer à son projet et de rester dans son rôle de Conseil. A cet effet, le décret N°2022-141/PR du 31 décembre 2022 portant création de l’Agence Nationale d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ANAQUES) au chapitre 2 en son article 4 est salutaire et vient à point nommé.

L’autre fait remarquable dans l’enseignement supérieur privé au Togo, est que les EPES ne bénéficient d’aucune subvention de l’Etat alors que dans les pays de la sous-région, ce n’est pas le cas. Dans ces pays, les EPES bénéficient de la subvention de l’Etat.

Pour rappel, depuis le 25 juin 2022, le Togo est devenu membre du Commonwealth. Cette adhésion du Togo au Commonwealth milite en faveur de la création des EPES et de la liberté de délivrer des diplômes aux méritants.

Rappel Parcours LMD

Le parcours du LMD est composé d’un ensemble d’unités d’enseignement (UE) capitalisables abordées dans un ordre logique et cohérent.

Les crédits

Au niveau du COA-ISSPMM, les études comportent trois niveaux : le Bachelor, le Master et le Doctorat. Elles sont organisées en semestres, représentant chacun 30 crédits de formation capitalisables et transférables d’une université à l’autre. Le Bachelor ou Licence Professionnelle correspond ainsi à 6 semestres, soit 180 Crédits. Le Master en Médecine Mixte correspond à 6 semestres supplémentaires, soit 180 crédits encore. Les autres Masters de Bio-ingénierie Médico-Environnementale et de Sciences Pharmaceutiques option galénique correspondent à 4 semestres supplémentaires, soit 120 Crédits et le Doctorat à la soutenance de thèse.

Dans une unité d’enseignement, la validation des acquis de l’étudiant (contrôle continu, examens, etc.) s’accompagne de l’attribution de crédits. Le nombre de crédits attribués est proportionné au volume d’heures de cours magistraux CM, de travaux dirigés (TD), et de travaux pratique TP et de monitoring. Les crédits peuvent aussi valider un stage ou un mémoire

En rappel, un crédit est une unité permettant d’attribuer une valeur à la charge de travail requise pour atteindre les objectifs d’une UE. Un crédit correspond à 20 heures de charges de travail pour étudiant (cours, TD, TP, recherche, stage et travail personnel)

En ce qui concerne un semestre, il comporte 30 crédits : Il correspond à 600 heures de charge de travail pour l’étudiant.

Soit un maximum de 360 heures d’enseignement présentiel / semestre (exceptionnellement

420h). L’enseignement présentiel = 30 heures/semaine maximum (exceptionnellement 35H).

 

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