
Chaque année, de part le monde, est célébrée la fête du 1er mai appelée fête des travailleurs ou encore du travail. Une célébration qui rappelle les massacres de Haymarket Square, à Chicago, aux USA en 1886 suite aux revendications pour 08 heures de travail par jour sans diminution de salaire. Une tradition qui se perpétue chaque année à travers le monde du travail. Au Togo, une artiste de la chanson, de grand cœur, a pensé aux portefaix des marchés de Klikamé et d’abattoir. Bibi Reine, comme c’est d’elle qu’il s’agit, a fêté le 1er mai le jeudi dernier au marché de Bè-Klikamé à Lomé, avec cette couche sociale utile mais négligée. Une manière pour l’artiste de valoriser le travail des portefaix.
Pour la deuxième fois, l’artiste de la chanson togolaise, Bibi Reine a pensé aux portefaix des marchés de Lomé. Après le succès de cet évènement organisé l’année dernière malgré les difficultés financières rencontrées, elle a réédité l’exploit cette année. Le jeudi 1er mai dernier, les portefaix se sont sentis bien aimés par leur maman, Bibi Reine. C’était de l’ambiance, de la joie, de la réjouissance avec la prestation des artistes. Au-delà de la célébration festive, l’heure était également à la sensibilisation des portefaix sur les cancers et l’alphabétisation.
Une initiative saluée et appréciée par l’Administratrice du marché de Bè-Klikamé, Ahoéfa Amouzougan épouse Elo. « C’est une grande joie qui m’anime en ce moment, parce que sans les portefaix dans les marchés, nous ne pourrons rien faire. Les femmes sont là. Les camions viennent. Sans les portefaix, impossible de faire le déchargement. Sans les portefaix, les femmes ne pourront aucunement monter les camions pour décharger les colis ou marchandises. Donc c’est grâce aux portefaix que tout cela se fait. Vraiment je suis très contente pour l’initiative de l’artiste Bibi Reine qui a vraiment pensé à nos frères portefaix, qui a pensé valoriser leur travail, qui est vraiment un travail remarquable », a-t-elle exprimé.
Témoignage glaçant de l’administratrice du marché de Bè-Klikamé
Selon Mme Amouzougan Elo, quand elle a annoncé la nouvelle de la fête aux portefaix, certains sont « venus aux larmes ».
« Les portefaix sont tellement dans la joie. Quand ils sont venus chez moi au bureau et quand je leur ai annoncé la nouvelle qu’il y aura une fête pour eux, il y en a même qui sont venus aux larmes. Ils m’ont dit Madame donc on a pensé à nous aussi ? Ils ont dit qu’eux, ils sont minimisés. Mais je leur ai dit qu’il n’y a pas de sot métier et de prendre soin de leur travail, de le valoriser », a-t-elle fait savoir.
Cette fête organisée par Bibi, selon Ahoéfa Amouzougan épse Elo, va permettre aux gens de parler davantage de ce marché qui est enclavé puisqu’il est un peu éloigné de la ville. Un marché qui s’anime les lundis et vendredis.
Tout comme l’Administratrice du marché de Bè-Klikamé, le Président des portefaix du marché d’Abattoir, Janot K. Adjaglo a remercié Bibi Reine pour cette initiative qui a permis aux portefaix du marché de Bè-Klikamé de savoir qu’elle les soutient. « Si elle n’a pas organisé cette fête, les portefaix ne devraient pas se réunir comme ça », a-t-il souligné.
A l’occasion, M. Adjaglo a souhaité que le gouvernement aide l’artiste chaque 1er mai pour qu’elle organise de telle initiative, surtout la sensibilisation des populations en général et des portefaix en particulier sur les cancers et l’alphabétisation. « Cela va les avantager », a-t-il précisé.
De son côté, Bibi Reine a reconnu l’importance et la valeur de cette couche socio-professionnelle.
« Sans les portefaix, nos marchés n’existeront pas, parce que ce sont eux qui chargent et déchargent. Quand je vois la manière dont on les traite cela me touche. Ils méritent qu’on les encourage. Ils méritent qu’on les prenne comme des modèles afin que d’autres jeunes qui ne veulent rien faire et qui croient qu’il n’y a pas de travail dans le pays donc s’adonnent à l’arnaque, au vol, puissent commencer à faire quelque chose. Car, comme on le dit souvent, il n’y a pas de sot métier ».
A travers ce projet, j’ai vu des jeunes étudiants qui, avec le travail de portefaix, ont réussi à financer leur étude et avoir leurs diplômes. « Commençons toujours quelque part », a rappelé l’artiste avant d’ajouter que le « plus beau cadeau que l’on peut s’offrir, c’est de rendre l’autre heureux ».
Remerciement aux bonnes volontés
« Un merci aux portefaix, parce que, moi, je les aime beaucoup. Ce sont des gens qui travaillent avec cœur. Au lieu d’aller voler comme d’autres personnes, ils sont au marché pour charger ou décharger les camions », a-t-elle exprimé.
L’artiste a aussi remercié d’autres bonnes volontés comme l’EPAM, Hôtel Amoukadi, Conseil national des chargeurs du Togo (CNCT), Présidente des Nana Benz, Togbui Kokouda Chardey,…