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Situation socio-politique au Togo : Une invite à une réflexion collective plus exigeante, plus honnête, plus constructive

Au Togo, la situation socio-politique est marquée depuis début juin 2025 par la montée des tensions et une prolifération de récits à charge. Une situation qui ne laisse pas indifférent le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme. Face à la presse le lundi 07 juillet à Lomé, a brisé le silence. Les responsables de ce Réseau estimant qu’en tant qu’acteurs du tissu associatif, la mission première de la Société civile est de construire, d’alerter avec rigueur, mais aussi et surtout de faire protéger la paix, contribuer à la vérité et à un bon avenir commun.

Dans la situation socio-politique actuelle que traverse le Togo, chaque citoyen, chaque acteur politique, chaque acteur de la société civile fait son analyse et donne son point de vue. C’est le cas d’un ensemble d’organisations de la Société civile qui a sorti un communiqué le 30 juin relatif à la situation dans le pays. Une sortie sur laquelle est revenue le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme qui a jugé utile et nécessaire de proposer une autre lecture, « plus équilibré, plus lucide et respectueuse des principes fondamentaux qui régissent la vie démocratique ».

Pour le Réseau, il ne s’agit pas ici de « défendre un pouvoir, ni de minimiser les attentes légitimes des citoyens, mais de rappeler que toute société civile doit conjuguer liberté et responsabilité, engagement et discernement ».

« Nous ne pouvons rester silencieuses face à une dénonciation unilatérale qui, tout en prétendant agir pour l’intérêt général, omet délibérément des faits essentiels tels que les appels à la violence, les injures publiques, les tentatives de subversion et l’usage manifeste des réseaux sociaux pour inciter à la haine ou à la destruction des symboles républicains », a déclaré Me Bertin Amegah-Atsyon, le Coordinateur du Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme.

A l’occasion, ils ont rappelé que les valeurs qu’ils défendent, « justice, dignité, paix et cohésion sociale ne peuvent être défendues efficacement en faisant preuve de silence sélectif ou de complaisance face à des actes qui, objectivement, mettent en péril l’ordre public et la stabilité du pays ». Selon Me Amegah-Atsyon, une société civile crédible se doit d’être « responsable et cohérente dans ses dénonciations sans faire le relai aveugle des campagnes de désinformation ».

 « Il est facile d’invoquer le droit à la manifestation ou à la liberté d’expression. Mais ces droits que nous défendons avec force ne sauraient justifier des comportements qui mettent en péril l’ordre public, la sécurité des personnes, des biens et la paix civile. La liberté sans cadre n’est pas une avancée démocratique, c’est une dérive potentiellement tragique. Ces droits sont garantis, mais ils ne sont, en aucun cas, absolus. Ils trouvent leur limite dans le respect des lois et des autres citoyens. Il ne saurait être question de confondre liberté et abus, démocratie et anarchie, légitime revendication et manipulation idéologique », a précisé le Réseau.

Par ailleurs, Me Bertin Amégah-Atsyon et le Réseau regrettent que « des propos violents tenus par certains soi-disants influenceurs ou activistes incitant à brûler les mairies, insulter les représentants de l’État, ou attaquer les Forces de l’ordre n’aient suscité aucune réaction ni condamnation de la part de ces mêmes organisations aujourd’hui promptes à dénoncer la prétendue répression. L’absence d’équilibre dans l’analyse ôte à ces revendications toute légitimité morale ».

S’il est vrai que certains noms ont été évoqués dans le communiqué, le Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme a déploré que « leurs agissements graves aient été totalement éludés au profit d’une narration où le tort serait imputé à l’Etat. Les propos violents, subversif et insultants tenus par ces personnes sont pourtant publics. Les présenter uniquement comme des victimes de la répression, sans contextualisation, revient à justifier des comportements inacceptables et à fausser le débat ».

Malheureusement dans le communiqué,  les auteurs se gardent bien de rappeler que plusieurs des personnes citées ont publiquement tenu des propos d’une extrême violence sur les réseaux sociaux. Ces faits, accessibles publiquement, ne peuvent être ignorés par toute analyse sérieuse, selon le Réseau. « L’indulgence à leur égard jette une ombre sur la prétendue neutralité des auteurs du communiqué et interroge leur véritable intention. La responsabilité individuelle ne saurait être effacée au nom d’un engagement supposé. La société civile ne peut exiger justice en fermant les yeux sur les violations commises par ceux qu’elle défend », a-t-il souligné.

D’après Me Amégah-Atsyon, c’est précisément dans ces moments que la société civile doit « faire preuve de hauteur. Etre du côté des droits, ce n’est pas se montrer indulgent envers les dérives, c’est savoir nommer les torts où ils se trouvent. Une société civile authentique ne se laisse pas instrumentaliser. Elle élève le débat, agit avec responsabilité et veille à préserver l’équilibre entre les exigences de liberté et les impératifs de paix sociale ».

Pour lui, la société civile togolaise ne saurait être « uniforme ni capturée par une pensée unique. Elle doit rester plurielle, ancrée dans le réel, soucieuse d’objectivité, de vérité et de paix. Nous appelons donc toutes les voix citoyennes sincères à se mobiliser non pour attiser les braises des tensions, mais pour raviver les flammes du dialogue, de la justice équilibrée et de la construction nationale ».

Il a cité l’exemple de la LIBYE qui demeure une illustration tragique des conséquences de la manipulation des masses, des campagnes de diabolisation et de la destruction des repères institutionnels. « Depuis la chute du COLONEL KADHAFI, orchestrée notamment sous l’influence de puissances extérieures appuyées par des relais internes mal intentionnés, la LIBYE n’a connu que chaos, fragmentation, violences armées et souffrances. Aujourd’hui, nombreux sont les Libyens qui regrettent l’ordre d’antan, conscients qu’un désordre sous couvert de liberté peut engendrer un désastre national », a-t-il rappelé.

« Nous ne pouvons tolérer que le TOGO suive cette même pente. Des individus mal intentionnés tentent par des messages sensationnalistes et des manœuvres émotionnelles de semer la division, la méfiance et d’attiser les tensions. Face à ces tentatives de déstabilisation, il est essentiel que notre peuple demeure fort, lucide et uni. C’est par la vigilance, la résilience collective et la foi en nos valeurs que nous traverserons cette période. La cohésion nationale, la paix sociale et la stabilité institutionnelle ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel de l’imprudence ou de la manipulation. Il est de notre devoir de préserver notre pays des pièges de la haine, de l’ingérence et de construire ensemble un avenir serein », a laissé entendre le Défenseur des droits humains.

Cependant, a défendu le responsable de l’ONG Nouveaux Droits de l’homme, « Aucune œuvre humaine n’est parfaite, nul dirigeant n’est exempt de critiques, et aucun système n’échappe aux défis ». Mais,  a-t-il suggéré que c’est précisément dans le dialogue, dans l’écoute mutuelle et dans la confrontation respectueuse des idées que se construisent les nations solides. « Le TOGO a toujours su tirer sa force de sa capacité à préserver l’unité face aux turbulences, et nous croyons fermement qu’il est encore possible de faire entendre toutes les voix dans un cadre apaisé, sans céder aux chants dangereux de la radicalisation et de la violence », a poursuivi Me Amégah-Atsyon.

Diffusion des fakenews par des médias étrangers

Lors de la conférence de la presse, le Défenseur des Droits humains a rappelé que la préservation de la sécurité nationale est une responsabilité première de tout État souverain. Mais dans le contexte actuel du Togo, il a regretté de constater que « certains médias étrangers relayent souvent, sans vérification rigoureuse, des récits biaisés ». « L’objectif semble clair, noircir l’image du TOGO, semer la division et créer un climat de méfiance entre les citoyens et leurs Institutions. Cette campagne concertée de manipulation de l’opinion, alimentée parfois par l’usage incontrôlé de l’Intelligence Artificielle et la diffusion des fakes news, doit être dénoncée avec la plus grande fermeté », a-t-il insisté.

Au Réseau panafricain des observateurs et défenseurs des droits de l’homme cette prise de parole n’a d’autre but que d’inviter à une réflexion collective plus exigeante, plus honnête, plus constructive. « Le TOGO mérite une société civile qui n’alimente pas les tensions, mais les désamorce et qui ne ferme pas les yeux sur les dérapages, mais les condamne », a-t-il justifié.

Dès lors, Me Bertin Amégah-Atsyon a appelé « toutes les voix citoyennes sincères à ne pas céder à la tentation de l’unanimisme ou de l’indignation automatique, mais à œuvrer pour une société apaisée, ouverte aux débats et soucieuse du bien commun ». Par ailleurs, il reste convaincu que l’histoire ne retiendra pas les « discours bruyants et unilatéraux, mais la contribution des femmes et des hommes de conscience qui, au cœur des tensions, auront défendu la responsabilité, la paix et l’avenir commun ».

 

 

 

 

 

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