
À Datcha, dans la préfecture de l’Ogou (région des Plateaux), le textile reprend ses droits sur une terre qui en avait fait sa fierté. L’usine Benart Afrique, inaugurée le 24 avril 2025 par la cheffe du gouvernement, signe le retour d’un savoir-faire enfoui sous les ruines de l’ancienne Togotex, aujourd’hui ressuscitée par une nouvelle ambition.
Fonctionnelle depuis octobre 2023, cette unité industrielle flambant neuve incarne avec force la stratégie de transformation locale que porte l’État togolais depuis plusieurs années.
Implantée sur le site même de l’ex-usine textile, Benart Afrique est spécialisée dans la confection de tenues professionnelles, civiles et militaires, réalisées à partir du coton produit au Togo. L’initiative a nécessité un investissement de 6 milliards de francs CFA, un pari industriel assumé qui commence déjà à porter ses fruits.
Emplois et croissance
Avec 300 emplois directs créés et environ 600 autres générés de manière indirecte, l’usine redonne vie à l’économie locale tout en offrant des perspectives solides aux jeunes actifs. Depuis sa mise en service, plus de 30 000 uniformes, soit près de 60 000 articles textiles, ont été confectionnés, principalement à destination des forces de défense et de sécurité.
Le professionnalisme et la rigueur qui règnent au sein de l’usine n’ont pas tardé à payer. L’entreprise Benart Afrique a déjà décroché la certification ISO 9001, une reconnaissance internationale qui atteste du sérieux de ses processus de fabrication, du professionnalisme de sa gestion et de sa volonté d’amélioration continue.
Une telle distinction ouvre désormais les portes des marchés les plus exigeants, notamment en Amérique du Nord et en Europe. À moyen terme, le site devrait même accueillir une université dédiée à l’agriculture.
Le tissu économique s’épaissit
Si l’usine de Datcha illustre le renouveau textile au Togo, elle n’en est pas l’unique fer de lance. Le pays, dans une logique d’industrialisation maîtrisée, multiplie les initiatives pour faire du textile un secteur stratégique, capable d’impulser une croissance inclusive.
À Adétikopé, sur la plateforme industrielle, un autre projet d’envergure vient de voir le jour. Le 24 avril, dans la foulée de l’inauguration de Benart Afrique, les autorités ont posé la première pierre d’une nouvelle usine portée par Africa Textile Management Services (ATMS). L’infrastructure, qui mobilisera 57 milliards de francs, devrait générer 2 000 emplois directs.
Ce chantier s’inscrit dans la continuité d’une dynamique amorcée en octobre 2023, lorsque la PIA a lancé officiellement l’exportation de vêtements « Made in Togo » vers les États-Unis. La marque américaine Children’s Place a commandé 123 000 pièces, expédiées en containers vers le marché nord-américain. Une première réussie qui place désormais le Togo comme un acteur crédible du textile africain à l’export.
Une stratégie d’ensemble portée par l’État
À travers sa feuille de route de développement 2020-2025, le pays mise résolument sur la transformation locale des matières premières, notamment agricoles, pour doper sa croissance économique. L’industrie textile, avec sa forte capacité à créer de l’emploi et à stimuler les exportations, figure parmi les axes prioritaires.
Le climat des affaires est progressivement assaini, les infrastructures se modernisent, les investisseurs affluent. Et dans ce climat propice, le secteur privé, local comme étranger, trouve des opportunités concrètes de développement. Le modèle togolais, basé sur la complémentarité entre politiques publiques, initiatives privées et valorisation des compétences locales, semble commencer à porter ses fruits.