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CEDEAO : quelles solutions pour les États de l’AES ?

Le départ annoncé du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) marque une étape historique, mais troublante, dans le projet d’intégration régionale en Afrique. Cette décision, effective à partir de fin juillet après une période de transition de six mois, soulève des préoccupations profondes quant à l’avenir d’unité et de coopération dans une région déjà marquée par des défis sécuritaires, économiques et politiques.

Lors de la création de la CEDEAO en 1975, ses pères fondateurs avaient pour ambition de promouvoir une intégration économique et politique qui transcenderait les frontières nationales, jetant les bases d’une Afrique unie et prospère. Le départ de ces trois pays sahéliens, constituant près de la moitié du territoire de l’organisation, représente une fracture majeure dans cet idéal. Au-delà des enjeux conjoncturels ayant conduit à cette séparation, c’est l’idée même d’une Afrique solidaire qui vacille sous le poids de divergences persistantes.

La décision des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de quitter la CEDEAO résulte d’une série de désaccords profonds, allant de divergences politiques à des incompréhensions stratégiques. Les sanctions imposées aux régimes militaires par la CEDEAO ont souvent été perçues comme punitives, voire déconnectées des réalités locales. Par ailleurs, ces nations sahéliennes, confrontées à une insécurité grandissante, estiment que la réponse régionale n’a pas été à la hauteur des attentes, d’où leur choix de chercher des alternatives axées sur leur propre alliance.

Ce retrait ne doit pas être vu comme une fatalité, mais comme une opportunité de repenser le fonctionnement et les priorités de la CEDEAO. Pour garantir la réintégration des pays sahéliens et prévenir d’autres départs à l’avenir, plusieurs pistes doivent être explorées : revoir les mécanismes de sanctions pour privilégier le dialogue et le soutien technique ; renforcer la sécurité collective en créant une force régionale réellement opérationnelle contre le terrorisme ; inclure des consultations régulières pour éviter les perceptions de marginalisation ; et promouvoir l’interconnexion économique à travers des projets d’infrastructure transfrontaliers.

L’idée des États-Unis d’Afrique, chère à des figures comme Kwame Nkrumah, repose sur une intégration régionale forte. Chaque fracture affaiblit ce projet, mais des solutions existent pour recoller les morceaux. Les regroupements régionaux comme la CEDEAO sont les piliers sur lesquels l’unité africaine peut se construire, à condition qu’ils soient réformés pour refléter les aspirations et les réalités de tous leurs membres. Les dirigeants de la CEDEAO et de l’AES doivent donc privilégier le dialogue et chercher à construire des ponts plutôt qu’à ériger des murs. L’Afrique ne pourra se relever que dans l’unité, en affrontant ensemble les défis communs. La sortie de crise exige une volonté politique renouvelée et une vision partagée pour un avenir meilleur.

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