Société

Consommation d’alcool : une tendance alarmante au Togo

Un artiste togolais a chanté en disant à Dieu qu’il était prêt à renoncer à tous ses péchés, sauf à celui de l’alcoolisme, qu’il trouvait impossible à arrêter. Cette déclaration artistique, pleine d’humour et de désespoir, semble aujourd’hui être respectée à la lettre par une partie de la population togolaise. L’alcool, devenu un compagnon omniprésent dans les moments de joie comme de peine, semble s’ancrer profondément dans les habitudes, au point de défier les efforts de sensibilisation et de changement.

Dans un pays où les défis de santé publique sont nombreux, les résultats de l’enquête STEPS sur la consommation d’alcool au Togo interpellent et posent des questions cruciales sur notre rapport à cette pratique. Avec une prévalence de 62,7% de consommation au cours des 30 jours précédant l’étude, il est évident que l’alcool occupe une place importante dans les habitudes de vie des Togolais. Mais à quel prix ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans des régions comme les Plateaux, 74% de la population consomme de l’alcool. Même dans la région Centrale, connue pour sa population majoritairement musulmane et donc culturellement moins encline à boire, près d’une personne sur deux consomme de l’alcool. Cette réalité montre que l’alcool est devenu un compagnon presque incontournable dans les moments de joie, de tristesse, ou même de routine quotidienne.

Cependant, la banalisation de cette consommation occulte souvent ses conséquences graves. L’alcool est un facteur aggravant pour plusieurs maladies non transmissibles (MNT) comme l’hypertension, le diabète, et les cancers. Au-delà de la santé physique, il contribue à des problèmes sociaux : accidents de la route, violences domestiques, et perte de productivité économique.

Il est particulièrement troublant de constater que 16,4% des consommateurs déclarent boire six verres ou plus en une seule occasion, une pratique qu’on associe souvent à l’ivresse excessive. Chez les 30-44 ans, ce comportement atteint même 18%, un chiffre alarmant pour une tranche d’âge censée représenter la force vive du pays. Cela nous invite à réfléchir sur les modèles de comportement que nous transmettons à nos jeunes.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Est-ce une question d’accessibilité économique de l’alcool ? De pression sociale ? Ou d’une culture qui associe encore trop souvent l’alcool à la convivialité et à la réussite ? Les solutions à ce problème doivent être à la hauteur du défi. Il ne suffit pas de blâmer les individus. L’éducation à la santé, la régulation plus stricte de la publicité et de la vente d’alcool, ainsi que des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les communautés peuvent aider à freiner cette tendance.

Mais au-delà des politiques publiques, chaque Togolais a un rôle à jouer. Nous devons repenser nos habitudes et nos priorités, questionner notre rapport à l’alcool, et cultiver des alternatives saines pour nos moments de socialisation. L’enquête STEPS n’est pas qu’une série de chiffres ; elle est un miroir tendu à la société togolaise. L’alcoolisme n’est pas une fatalité, mais un problème qui peut être combattu par une volonté collective, une prise de conscience individuelle, et une action concertée entre les autorités et les citoyens. chaque verre excessif est un pas de plus vers des conséquences que nous pourrions éviter. Changeons les choses, pour nous-mêmes et pour les générations futures.

AMO K.

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